Un péage urbain pour financer les TPG ?

MOBILITÉ • Les socialistes déposeront mardi deux textes parlementaires auprès du Grand Conseil pour instaurer un péage urbain d’ici à 2020.C’est avec optimisme que le Parti socialiste genevois a présenté hier ce qu’il conçoit comme une solution concrète aux problèmes de mobilité à Genève: l’instauration d’un péage urbain dont les recettes serviront à financer les transports publics jusqu’à les rendre, à terme, complètement gratuits. Par le biais de deux textes parlementaires déposés auprès du Grand Conseil, le parti propose d’une part d’ouvrir un crédit d’étude sur les impacts concrets d’une telle structure et, d’autre part, de demander l’autorisation aux autorités fédérales de mettre en place cette expérience inédite en Suisse – la taxation des routes étant actuellement proscrite par la Constitution fédérale.

Projet ambitieux
Membres de la commission des transports, les députés socialistes Caroline Marti et Thomas Wenger ont avancé des arguments essentiellement écologiques, en se basant sur le rapport Mobilités 2030 adopté par le Conseil d’Etat en mai 2013 et sur les exemples de Londres, Stockholm et Milan qui ont déjà recours à ce système. Tout en rappelant que la situation est actuellement «insatisfaisante pour tous les modes de transport», Mme Marti a évoqué la pollution croissante de l’air, les nuisances sonores induites par le trafic et l’accroissement de la population. «On ne peut pas attendre une congestion totale, affirme-t-elle. Il nous faut changer de paradigme, de plan d’attaque.»
En l’occurrence un péage à l’entrée de Genève. Afin d’encourager les usagers à garer leur voiture dans des parkings-relais et à privilégier d’autres moyens de déplacement comme les transports publics ou la mobilité douce. La taxe payée par les automobilistes serait ensuite intégralement utilisée pour développer le réseau de transports publics et faire baisser ses tarifs. Deux zones différentes sont pressenties pour l’emplacement dudit péage: soit le cœur de l’agglomération (Ville de Genève, Carouge et une partie de Vernier), soit une zone plus vaste s’étendant jusqu’à Thônex, Onex et Meyrin. L’étude proposée doit aussi permettre de choisir les modalités des contrôles, les rabais accordés aux résidents genevois et le prix du péage, estimé d’ores et déjà entre 5 et 10 francs par jour.
Un projet ambitieux dont la mise en œuvre s’annonce longue et complexe, puisqu’elle nécessite un soutien majoritaire du Grand Conseil genevois, puis l’aval des autorités fédérales. Des obstacles qui ne démontent pas M. Wenger: «Il ne s’agit pas d’un projet de gauche ou de droite ni d’un projet anti-voiture, argue-t-il. Genève a mal à sa mobilité et il nous faut prendre de vraies mesures, qui demandent un certain courage politique. On espère rassembler la droite comme la gauche pour augmenter la fluidité du trafic et la qualité de vie.»

Quel bilan économique?
Au-delà de la question politique, l’efficacité économique d’une telle mesure devra elle aussi convaincre. Selon Gérard Métrailler, responsable des campagnes politiques au TCS, associer un péage urbain à un financement des transports ne constitue pas un instrument intéressant en termes de rendement: «Dans les villes de Londres et de Stockholm, le bilan économique s’est révélé très négatif du point de vue du coût de mise en place, de l’investissement et de gain de temps.» Il s’agirait de plus, selon lui, d’un impôt supplémentaire «antisocial» qui pèserait sur les plus démunis et qui s’ajouterait aux taxes déjà payées par les usagers de la route, s’élevant actuellement à 11 milliards de francs par année. Une critique dont se défend M. Wenger: «Grâce au péage, les transports seront beaucoup moins chers. Le coût de la mobilité ne va donc pas augmenter pour quelqu’un qui utilise sa voiture de façon rationnelle.»
Les socialistes genevois ont ainsi bon espoir de gagner les faveurs du peuple genevois vis-à-vis de leur projet, à l’image des habitants de Milan dont la satisfaction liée au péage installé en 2012 ne cesse de croître. I

Le Courrier, Charlotte Frossard, 31 janvier 2015

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