Bonne fortune pour l’AVS

Les réserves du premier pilier ont profité de la reprise des marchés financiers l’an dernier.
A une dizaine de jours des votations sur l’AVS, son fonds de compensation a le sourire. Il a profité de la reprise boursière l’an dernier. Actions et obligations ont principalement contribué à cette performance. Après une perte de près de 4,4 milliards de francs en 2022, il a bouclé 2023 sur un bénéfice de 1,6 milliard.


«Le résultat des placements se trouve en hausse de 5%, contre un recul de 12% un an plus tôt. Pour la fortune de l’AVS, c’est une bonne année», déclare Eric Breval, directeur de Compenswiss qui gère les réserves du 1er pilier, au côté de celles de l’AI et des APG.

Compenswiss table sur un rendement moyen de la fortune du 1er pilier entre 2 et 2,5% ces dix prochaines années. «Il pourrait néanmoins y avoir de fortes fluctuations d’une année sur l’autre, en raison de la volatilité des marchés financiers», prévient Eric Breval. Cette année s’annonce pour le moment légèrement positive. La situation peut cependant rapidement basculer. L’an dernier, le résultat des placements se situait encore dans le rouge en octobre.

Exclusion du charbon

La fortune de l’AVS s’établit à 35,4 milliards de francs. «A cela s’ajoute la dette de l’AI à hauteur de 10 milliards», précise Eric Breval. Le capital du 1er pilier se fixe ainsi à 45 milliards, même si les 10 milliards ne sont pas mobilisables pour combler un éventuel trou financier du 1er pilier. «J’espère que cet emprunt sera bientôt remboursé», précise le directeur de Compenswiss. En attendant, l’AI paie des intérêts à l’AVS de 2,1%. Cette dette date des années 70. Depuis 2011, AVS, AI et APG disposent de leur propre fonds de réserves. Les transferts d’argent ne sont donc plus possibles entre ces différentes assurances.

«Nous agissons comme pourvoyeur de fonds et nous ne pouvons pas le faire ad aeternam», Eric Breval

Au côté des actions et des obligations, Compenswiss investit dans l’immobilier, les matières premières, l’or et les devises. S’il a exclu de son portefeuille les entreprises dont le chiffre d’affaires issu du charbon dépasse le seuil des 15%, il mise toujours sur la diversification pour contrer les risques de marchés. L’établissement de droit public place environ 90% de la fortune AVS et conserve le reste en trésorerie.

Le résultat d’exploitation de l’AVS sera publié début avril. L’an passé, il a terminé dans le rouge à -2,7 milliards de francs, en raison des fortes perturbations sur les marchés financiers. En 2021, il se trouvait en zone positive à 2,5 milliards. Entre 2018 et 2022, il affichait un résultat moyen de 220 millions. Le résultat d’exploitation représente la somme entre le résultat de répartition et celui des placements de l’AVS. Le résultat de répartition est la différence entre les recettes du 1er pilier et ses dépenses.

Cette assurance sociale est principalement financée via les contributions des salariés et des employeurs ainsi que de la Confédération et de la TVA. Selon la loi, le fonds AVS doit couvrir une année de rentes, ce qui équivaut à environ 45 milliards. De cette façon, si les dépenses de l’AVS sont supérieures aux recettes au cours d’une année, il est possible d’assurer le versement des prestations aux retraités, aux veufs et aux orphelins. «Sur le plan structurel, pareille situation est plus problématique. Nous agissons comme pourvoyeur de fonds et nous ne pouvons évidemment pas le faire ad aeternam», avertit Eric Breval. En cas de difficultés financières structurelles, Compenswiss serait obligé de liquider une partie de sa fortune et vendre potentiellement à perte.

L’impact des initiatives

Quant à l’impact financier de la 13e rente AVS, Compenswiss ne se prononce pas au sujet des votations. D’après l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), cette aide supplémentaire pour les retraités de 4 à 5 milliards de francs annuellement ferait plonger le résultat de répartition du 1er pilier dans le rouge, dès son introduction en 2026. L’initiative des jeunes PLR sur la retraite à 66 ans et au-delà, aurait, elle, un léger effet positif à partir de 2028. Les deux textes soumis au vote le 3 mars ne se compensent cependant pas sur le plan ­financier.

En cas de statu quo, la différence entre les recettes et les dépenses de l’AVS tomberait en territoire négatif dès 2030. Le Conseil fédéral prépare une réforme qu’il devrait transmettre aux Chambres à l’horizon 2026. Cette révision de loi vise à pérenniser les finances de notre plus grande assurance sociale entre 2030 et 2040. En attendant, une motion demande d’augmenter les rentes des seniors dans le besoin. Un retraité sur six vit dans une situation de précarité.

Le Courrier, 21 février 2024, Maude Bonvin

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