La privatisation de la santé promue à l’hôpital public

NEUCHÂTEL • Le Forum santé pour tous a vanté lundi à Hôpital neuchâtelois les mérites de la libéralisation du système de santé.

Le Forum santé pour tous, lobby suisse de la libéralisation du système de santé, n’hésite pas à prôner ses convictions dans les hôpitaux publics. Lundi soir, il a organisé au sein d’Hôpital neuchâtelois (HNe) une séance d’information sur la voie libérale de la politique de santé suisse, suivie d’un débat opposant des députés des partis représentés au parlement. Cette soirée s’inscrit dans le cadre d’une tournée dans une dizaine de cantons – dont une autre a fait halte, à Zoug, dans un hôpital cantonal.

A trois mois des élections cantonales, le moment choisi par le Forum santé pour tous pour se déplacer à Neuchâtel ne paraît pas fortuit. Le canton peine à définir sa politique hospitalière et le groupe de cliniques privées Genolier, qui est en train de s’installer à Neuchâtel, affirme haut et fort, notamment par la voix du président du conseil d’administration Raymond Loretan – sur la RTS dont il est le président – que les cliniques privées ambitionnent de gérer des hôpitaux publics en Suisse romande – sans préciser lesquels.

La soirée a débuté par une présentation du Forum santé pour tous par sa coprésidente Chantal Balet, ancienne directrice romande d’Economiesuisse, qui a défendu les vertus de la concurrence pour maintenir un système de santé de qualité et efficace en termes de coûts, et appelé à moins de régulation étatique.

Pierre-Antoine Hildbrand, secrétaire patronal au Centre patronal vaudois, s’est ensuite adonné à un plaidoyer en faveur de Vaud cliniques, avant d’aborder la question du financement hospitalier. «La révision de la LAMal avait pour but de rétablir une balance entre les cliniques privées et les hôpitaux parapublics. Le problème est que l’Etat fausse la liste hospitalière en favorisant de façon outrageuse les hôpitaux parapublics.» Ses solutions? Couper court aux conflits d’intérêts: «Les cantons ne peuvent pas être à la fois propriétaires et gérants d’un hôpital, gérer la carte sanitaire et attribuer – ou non – des missions aux concurrents de leurs propres services.»

Étonnement général
Invité au débat, le député écologiste Patrick Herrmann, candidat à la candidature au Conseil d’État en avril, s’est dit surpris qu’une soirée sur le thème de la «santé libérale» ait lieu au sein de l’hôpital public: «Nous avons bizarrement reçu très peu d’informations sur le thème de la conférence. J’ai été étonné par la publicité sur les institutions privées Vaud Cliniques. Je ne suis cependant pas dogmatique et dès le moment où un débat contradictoire était organisé, je n’ai pas considéré cela comme de l’embrigadement. Ceci dit, j’ai l’impression que cette manifestation visait avant tout à prendre la température dans les cantons face à la libéralisation de la santé», note-t-il. Même son de cloche du député UDC Blaise Courvoisier, qui estime que cet événement aurait fait sens au sein de HNe si le thème avait été les relations entre le public et le privé. Il se demande aussi si la tenue de ce débat n’est pas en lien avec l’arrivée de Genolier dans le canton.

La ministre de la Santé Gisèle Ory se demande quant à elle s’il est bien adroit que des acteurs prônant la privatisation de la santé interviennent dans un hôpital public. Elle se veut cependant confiante dans la démocratie et dans la volonté de la population de maintenir un système de santé solidaire. Quant au directeur de HNe Laurent Christe, qui dit ne pas avoir été informé de la tenue de ce forum, il considère le débat d’opinion comme salutaire: «Il n’y a pas de raisons d’interdire ce genre de manifestation dans les murs d’HNe, même si les idées peuvent diverger de celles que soutient la direction d’un hôpital public», conclut-il.

Claude Grimm, Le Courrier

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