La gauche mise sur le premier pilier

Pour les initiants, «il vaut mieux payer plus à l’AVS pour recevoir davantage que payer plus à sa caisse de pension pour recevoir moins».
Elus roses-verts et syndicats ont donné le coup d’envoi de la campagne pour l’initiative «AVSplus».

«Il faut renforcer un système qui a fait ses preuves», affirme le vice-président du syndicat Unia, Aldo Ferrari. Le ton est donné. D’ici à la votation populaire du 25 septembre, les partisans de l’initiative «AVSplus» vont tenter de démontrer qu’il est plus rentable de développer le premier pilier, à savoir l’AVS, que de renflouer à tout prix un deuxième pilier dont les rentes ne cessent de diminuer. L’Alliance pour une AVS forte, qui réunit la gauche rose-verte et les syndicats, a lancé hier sa campagne. Elle se déroulera parallèlement aux travaux du Conseil national qui doit se pencher en septembre sur la réforme globale de la prévoyance vieillesse déjà avalisée par le Conseil des Etats.

L’initiative veut donner un coup de fouet à l’AVS en relevant de 10% le montant des rentes, ce qui correspond à une hausse moyenne de 200 francs par mois pour une personne seule et de 350 francs pour un couple. Les coûts sont évalués à plus de 4 milliards de francs. Selon les initiants, ils pourraient être couverts par une hausse de 0,8% des cotisations salariales, répartie à parts égales entre le salarié et l’employeur, soit un montant total de 40 francs pour un salaire de 5000 francs. «C’est la seule solution sensée pour compenser les pertes de rentes dans le 2e pilier», déclare Doris Bianchi, secrétaire dirigeante de l’Union syndicale suisse (USS).

Comme neige au soleil

«Malgré la victoire référendaire contre la baisse du taux de conversion des avoirs du deuxième pilier, en 2010, les prestations des caisses de pension n’ont cessé de se dégrader, rappelle Aldo Ferrari. En 2015, le taux moyen était de 5,83% pour les caisses de droit privé et 6,12% pour les caisses de droit public avec garantie de l’Etat.» C’est bien moins que le taux légal de 6,8% car le taux moyen englobe aussi la partie sur-obligatoire qui n’est pas soumise à un taux minimum.

Le président de l’association suisse des enseignants Beat Zemp donne l’exemple de la caisse de pension du canton de Zurich. «Il y a six ans, un nouveau retraité recevait encore une rente annuelle de 6650 francs pour un capital vieillesse de 100 000 francs. En 2018, ce ne sera que 4850 francs». Pour Aldo Ferrari, la leçon à tirer est claire: «Il vaut mieux payer plus à l’AVS pour recevoir davantage que payer plus à sa caisse de pension pour avoir moins».

Des cotisations inchangées

Le vieillissement de la population et la diminution du nombre des actifs ne font pas peur aux partisans du projet. «Le taux de cotisation à l’AVS n’a pas bougé depuis 40 ans alors que le nombre de retraités a doublé pendant cette période, souligne le président de l’USS Paul Rechsteiner. On s’est contenté d’ajouter un taux de TVA à la fin des années 90, tout comme on pourra financer avec un pour cent supplémentaire l’arrivée à la retraite de la génération du baby-boom.»

Les partis de droite et les milieux économiques crient à l’irresponsabilité. Le comité d’opposition qui vient de se constituer rappelle qu’en 2014, pour la première fois de son histoire, l’AVS a dépensé plus qu’elle n’a encaissé et qu’une perte de 7,5 milliards de francs est attendue à l’horizon 2030.

« Une mesure populiste »

«Nous avons besoin d’une solution assurant la durabilité du système», souligne le conseiller national Yannick Buttet (pdc, VS), coprésident du comité contre l’initiative «AVSplus». «Au lieu d’allécher les rentiers AVS avec une mesure populiste, il faut mener à bien la réforme de deux piliers qui est actuellement entre les mains du parlement.» Elle prévoit notamment une baisse du taux de conversion du 2e pilier à 6%, une augmentation de l’âge de l’AVS des femmes à 65 ans et une hausse du taux de TVA.

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AVS plus: comment mener ce débat?
Les syndicats suisses ont lancé jeudi la campagne AVSplus, du nom de leur initiative. But de ce texte: augmenter les rentes du premier pilier de 10% via une hausse des cotisations sociales de 0,8% – payées pour moitié par le travailleur et pour moitié par l’employeur. Ce qui les porterait à 2400 francs pour une personne seule et à 4200 francs pour un couple. Une démarche salutaire, rappelant …

Des rentrées stables en 2017

Le montant des rentes AVS et AI ne devait pas bouger l’année prochaine. La commission fédérale AVS/AI recommande au Conseil fédéral de les maintenir à leur niveau actuel. Elle estime que le renchérissement négatif et la faible évolution des salaires ne justifient pas une augmentation. Le gouvernement suivra vraisemblablement cette recommandation. Il réexamine la question tous les deux ans. CIM

Le Courrier, Vendredi 01 juillet 2016, Christiane Imsand

A lire aussi, l’article paru dans les Services publics, SSP, du 17.06.2016 “Bras de fer sur les retraites

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