Poste de combats

SORTIE DE BOÃŽTE
La Poste organise une journée d’information pour ses salariés, histoire de leur apprendre à défendre les intérêts de La Poste pendant leurs loisirs. Le service public réclame des services privésLes collaborateurs de La Poste ont reçu, par la poste, une étrange missive en octobre 2014. Elle s’adresse à celles et ceux qui exercent une activité politique durant leurs loisirs, que ce soit dans une commune, une association, un canton ou un parti. But : les convier à une réunion. « La Poste intéresse tout particulièrement le public et est l’objet de questions et de discussions. On vous demande des explications, des informations de fond ou peut-être votre appréciation », dit cette invitation, à laquelle 60 personnes ont répondu favorablement. Un millième seulement des 60′000 employés de la maison, ça paraît ténu ; mais il semblerait que la lettre n’ait pas été distribuée à tous.

Les volontaires avaient donc rendez-vous à Berne le mardi 10 février. « C’est la première fois que nous organisons ce genre d’événement. Mais les CFF ou Swisscom le font depuis longtemps », précise Nathalie Dérobert, porte-parole du géant jaune. Les thèmes de la journée ne sont pas secrets, selon elle : ils correspondent aux « positions officielles de l’entreprise » accessibles sur internet. Y figurent des sujets à forte teneur politique, comme l’initiative « en faveur du service public » qui, selon la direction, mettrait en danger la desserte postale de base (bizarre, sachant que l’initiative en question vient des milieux de consommateurs).
Parmi les positions de La Poste se trouve aussi le prix de distribution des journaux, en augmentation de 2 centimes (chaque année et pour trois ans) par exemplaire. En 2016, les canards paieront donc 6 centimes de plus qu’en 2013 pour être acheminés chez le lecteur. Le papier d’intention de La Poste s’intitule « Des prix raisonnables pour couvrir les frais d’exploitation ». Faire couler les petits journaux (Vigousse*,06.02.15) n’est donc pas l’objectif premier du géant jaune. On est soulagés, même si le résultat est le même.
Les rencontres avec les salariés actifs en politique seront peut-être organisées régulièrement. « Il est logique que nos collaborateurs connaissent les conditions cadres », largue Nathalie Dérobert. Mais pas question, bien sûr, de s’immiscer dans la vie privée des employés ni d’influencer leurs opinions. Il s’agit juste de les inciter à relayer, durant leur temps libre, la bonne parole directoriale. On ignore si les plus zélés toucheront des enveloppes.
Jean-Luc Wenger, Vigousse, 13.2.2015

* nom connu de la rédaction

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