Péage urbain: Barthassat en veut, pas les Genevois

Genevois invités à donner leur avis sur les transports
Le département de l’environnement, des transports et de l’agriculture (DETA) lance un grand sondage auprès des Genevois sur la mobilité dans le canton.

Un questionnaire en ligne a été proposé en français et en anglais jusqu’au 30 septembre à l’adresse «www.ge.ch/notre-mobilite». Les réponses reçues permettront de prendre la température de la population avant d’élaborer d’ici à la fin de l’année un projet de loi qui définira le principe du libre choix du mode de transport inscrit dans la constitution genevoise, a indiqué lundi le conseiller d’Etat Luc Barthassat, chef du DETA.

Le questionnaire, composé de 46 questions, entre dans le cadre des Etats généraux des transports initiés par le magistrat pour tenter d’améliorer la mobilité à Genève. Le DETA espère toucher un maximum de personnes. Il serait déjà très satisfait s’il reçoit environ 5000 réponses.

Péage obligé si l’on veut franchir le lac en 2030?
par Jérôme Faas - Le Conseil d’Etat veut construire une traversée en quinze ans. Pont, tunnel, partenariat public-privé: les scénarios ont été dévoilés

Le bouclement autoroutier du canton est une priorité de l’Exécutif. Il entend le réaliser pour 2030. Il a présenté mercredi un rapport détaillant les options pour franchir le Léman et relier l’ouvrage aux voies rapides encerclant Genève. Si le chantier se fait, l’Etat pourrait, en 2070 et selon les choix opérés, avoir gagné 1,2 milliard ou en avoir dépensé 12,8. Entre ces extrêmes, plusieurs possibilités. «Tout est ouvert» pour Luc Barthassat, conseiller d’Etat.

Prévoir un péage (optimisé à 8 fr. le trajet) rend le projet bien moins coûteux: 2 x 2 voies suffiraient pour absorber 37 500 usagers par jours. Avec la gratuité, 80 000 autos afflueraient, forçant la création de 2 x 3 voies. Par ailleurs, une taxe de passage rapporterait sur le long terme: «Au maximum 120 millions par an», ont calculé les services de l’Etat.

L’intérêt d’un partenariat public-privé, lui, est moins net. Pour le Canton, l’investissement immédiat serait moindre, mais après 50 ans, il serait perdant. Tout est question de capacité financière: l’Etat sera-t-il assez riche, en 2020, pour se lancer seul? Sachant que la seule construction coûtera au bas mot 2,8 milliards, sans considérer les intérêts de la dette, en douter est permis.
Reste à trancher entre aérien et souterrain. «J’ai une petite préférence pour le pont, pour autant qu’il plonge sous terre pour rallier l’autoroute. Et les coûts ont une importance énorme», dit Luc Barthassat. Un pont permettrait en effet d’épargner 500 millions et serait dix fois moins cher à l’exploitation.

Le DETA serait favorable à une gestion par zones de la mobilité. La priorité aux transports publics serait donnée au centre-ville, alors que le transport individuel gagnerait en importance en périphérie. Cette approche s’oppose à une initiative lancée par les Verts, qui réclame la priorité absolue pour les transports publics à Genève.

Le questionnaire permettra de mieux cerner ce que la population souhaite. «Je veux instaurer un dialogue», a expliqué M.Barthassat. Les Genevois seront par ailleurs réinterrogés à propos du CEVA et leur avis sera demandé lorsqu’il s’agira d’explorer de nouvelles pistes comme la mise en place de péages urbains ou le covoiturage.

par Julien Culet/dra -

Consultée, la population indique ne plus vouloir de la voiture au centre-ville. Elle refuse aussi de payer aux portes du canton.
Genève pourrait suivre la voie de Londres notamment et avoir son péage urbain. (photo: Reuters)

Le questionnaire sur la mobilité lancé en septembre a rendu son verdict: les Genevois veulent des transports publics prioritaires dans tout le canton, un hypercentre débarrassé des voitures (encadré) et créer des parkings. Le conseiller d’Etat Luc Barthassat, à l’origine de la consultation, est ravi. Les conclusions correspondent à la politique qu’il souhaite appliquer depuis bientôt un an. «Les résultats vont, pour la plupart, dans le sens du programme d’action», s’est félicité le ministre hier.

Seul bémol pour l’élu, une majorité se dit contre l’idée de péages urbains. Il s’agit pourtant d’une des solutions envisagées par le ministre pour financer les infrastructures, traversée du lac en tête. «Nous manquons d’argent. Pourquoi ne pas réfléchir à cette idée? Genève pourrait être un cobaye pour le reste de la Suisse», a lancé le magistrat, qui songe à une installation aux portes du canton. La logique est simple pour Luc Barthassat: «Chaque jour, 250′000 personnes entrent à Genève. Alors si chacune paie 1 fr. par passage, ça fait 250′000 frs.».

Le magistrat reconnaît que le parcours sera long: il doit convaincre les Genevois et les autorités voisines. Il veut réunir Vaudois et Français autour de la table. Des collectivités qui pourraient recevoir leur part du gâteau. Plus difficile, la Constitution suisse interdit l’installation de péages. Le ministre dit en avoir parlé avec la conseillère fédérale Doris Leuthard, qui serait ouverte au dialogue.

Centre-ville sans voitures demandé

Pour une majorité des 12′047 réponses retenues pour l’étude, il faut prioriser les transports publics dans tout le Canton. Les bus ont été plébiscités dans les trois zones tracées: périphérie, centre et hypercentre. Dans cette dernière, les sondés veulent à 90% de la mobilité douce (bus, vélos, piétons). La voiture est toutefois bien mieux cotée au centre et en périphérie, où les gens veulent pouvoir circuler. Pour réaliser la transition entre les zones, Luc Barthassat envisage la création de parkings.

«Un plébiscite pour les transports publics!»

Si elle doute de la valeur scientifique du questionnaire, la présidente des Verts genevois Lisa Mazzone se réjouit des résultats: «C’est un plébiscite pour les transports publics et la mobilité douce, dont le Conseil d’Etat – qui semble accorder beaucoup d’importance à cette enquête – devra tenir compte». Même son de cloche chez l’Association Transports et Environnement. «Alors comment réduire le trafic automobile au centre-ville?» s’interroge le TCS Genève. Réponse de son président Henri-Pierre Galletti: «Il faudra à terme une traversée lacustre.»

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