Non à la baisse des rentes et priorité à l’AVS

La Fédération des associations de retraités (Fares) s’oppose à la baisse du taux de conversion du 2e pilier et rejette le tour de vis proposé dans le cadre de la douzième révision de l’assurance vieillesse.

Le 24 décembre dernier, le conseiller fédéral Burkhalter a trouvé bon, six jours avant de quitter son département, de lancer une vaste « audition » sur le 2e pilier auprès de nombre d’associations, en négligeant celles qui représentent les retraités, une ultime marque de mépris. Il a ouvert ainsi un nouveau chantier concernant les retraites, après avoir annoncé à grands cris qu’il allait organiser une 12e révision de l’AVS comprenant un frein à l’endettement et une individualisation des rentes.

La Fares, fédération des associations de retraités, a décidé de répondre aux 99 questions de l’audition sur le 2e pilier et de s’opposer fermement au véritable tour de vis qu’elle amorce. Christiane Jaquet-Berger, sa coprésidente, s’indigne de la cure d’austérité ainsi assénée par le biais de réformes hasardeuses, comme la création de « rentes additionnelles » puisées dans le Fonds AVS pour compenser les diminutions prévues pour les rentes du 2e pilier.

Lors d’une conférence de presse à Berne, la Fares a ainsi fustigé le Conseil fédéral qui revient avec une proposition de baisse du taux de conversion, pourtant nettement refusée par le peuple en mars 2010. Gérard Heimberg, qui préside le groupe de travail Fares « politique sociale et santé » relève le danger de vouloir donner la priorité à une réforme du 2e pilier, sans régler d’abord la question des rentes AVS qui ne correspondent même pas encore à l’art. 112 al.2 de la Constitution : « Elles doivent couvrir les besoins vitaux de manière appropriée ». Selon lui, le risque est grand que la réforme du 2e pilier entraîne un grand effort financier - contributions d’assainissement, augmentation des cotisations - et pousse à ne pas vouloir se préoccuper de l’effort dont le développement de l’AVS a besoin. « L’AVS reste le premier pilier de la prévoyance vieillesse dont il est la base sociale et solidaire reconnue. Son financement par répartition ne contraint pas à une accumulation de capitaux puisque chaque année les cotisations paient les rentes. Cela a assuré durant plus de 60 ans sa viabilité financière malgré les crises, l’augmentation de l’espérance de vie et l’accroissement des rentes. En plus, l’économie suisse n’a pas eu à souffrir de ce développement puisque depuis 1975 les dépenses annuelles de l’AVS représentent un taux constant du PIB, soit ente 6 et 7%. »

3,9 milliards de frais administratifs

Christiane Jaquet-Berger rappelle que l’OFAS, l’an dernier, a révélé les coûts administratifs exorbitants de la gestion des capitaux du 2e pilier : 3,9 milliards pour gérer les quelque 700 milliards accumulés dans les caisses, somme formidable que l’on ne retrouve pas dans les comptes des caisses. Une économie substantielle de ces coûts permettrait de disposer d’au moins 1,5 milliard, soit une compensation totale d’une année d’espérance de vie selon les calculs réalisés par l’Union syndicale suisse (USS).

La co-présidente de la Fares conclut qu’« il est temps de comprendre que garantir les rentes du 2e pilier passe par un ripage de ce pilier vers l’AVS, une AVS qui deviendrait peu à peu globale, gage de la garantie de retraites pérennes. »

Gauchebdo, 23 mars 2012 n° 12, par Alain Tribolet

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