Des assurances « sociales « pas rassurantes

Christiane Jaquet-Berger - Gauchebdo - 15 décembre 2010

La Suisse compte une dizaine d’assurances dites « sociales » ce qui, pour un pays aussi riche, paraît normal. De l’AVS à l’AI, de l’assurance chômage aux assurances maladie et accident, de la prévoyance professionnelle aux allocations familiales, des assurances pertes de gain à l’assurance maladie et aux prestations complémentaires, le compte est bon. Les statistiques fédérales sorties le 14 décembre dernier annoncent que « Les finances des assurances sociales ont une fois encore évolué favorablement. La croissance des recettes (3,4%) a été plus forte que celle des dépenses (2,7%) comme ce fut le cas pour les quatre années précédentes. » En gras dans le texte.

Mais voilà. Il faut lire quelques lignes plus bas que le taux des prestations a été en 2008 de 20,6 % alors qu’il fut en 2005 de 23,5 %. On peut être certain que lorsque les prestations auront encore baissé à 10%, voire moins, les caractères gras se transformeront en un titre triomphant couvrant toute la page… Quel beau succès au pays du capitalisme : les assurés paient toujours plus et les assurances presque rien.

On réduit en Suisse les prestations sociales depuis 10 ans. Avec la loi sur le chômage et l’actuelle 6ème révision de l’AI, plus les diminutions de prestations de la LAMal, on se trouve aujourd’hui à un tournant spectaculaire et comme irréversible de l’évolution toxique des assurances sociales helvétiques. Il avait fallu pourtant des années pour les créer – plus de cinquante ans pour l’assurance maternité –. De la vision « sociale » si durement obtenue, on a passé à une conception de pur management. Il n’y a plus guère de différences entre les assurances dites sociales et celles des assureurs privés. Dans un pays comme la Suisse qui compte un million de pauvres, un pays où les 300 plus riches de Suisse ont vu leur fortune grimper cette année de 21 milliards - une pile de billets de 1′000 francs qui atteindrait 21 km.- Le pactole de ceux qu’on nous demande instamment de ne pas taquiner sur leurs impôts car ils pourraient quitter le pays. Selon l’adage d’Alphonse Allais « Prenons l’argent chez les pauvres, ils en ont peu, mais ils sont si nombreux. »

En février, ceux qui n’acceptent plus d’être les dindons de la farce pourront déjà commencer par faire signer l’initiative « pour une assurance maladie publique ». Une assurance unique pour l’assurance maladie obligatoire. Un premier pas de reprise en main et d’espoir.

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