Accident ferroviaire belge, rançon de la rentabilité, des privatisations

Elisabeth Brindesi dans combats.ch

Dernièrement, deux trains SNCB entraient en collision près de Bruxelles. Bilan : 18 mots, 125 blessés. Erreur humaine chuchote-t-on aussitôt dans les médias aux ordres. ..Les machinistes eux ont répliqué. Mardi ils se sont mis en grève, paralysant une grande partie du pays. Et ils dénoncent : leurs conditions de travails, les économies imposées à tous les niveaux, le mépris des usagers.
  L’an passé déjà, Le 20 mai, les salariés de la SNBC se mettaient en grève, incriminant leurs paies insuffisantes et leurs conditions de travail. La grève fut un succès total de la grève mais une fois les chefs se sont moqués des gens de terrain. Et pour cause. La notion de Service public leur est inconnue. La SNBC doit retrouver une rentabilité qu’elle a perdue. Elle a besoin d’être attractive car le gouvernement belge, veut vendre ses chemins de fer, les introduire en bourse. Pour que l’entreprise revienne dans les chiffres noirs, tous les coups sont permis. Ce sont les cheminots et les voyageurs qui paient la facture….parfois au prix de leur vie.
La France a échappé de peu à de graves accidents exactement pour les mêmes raisons…. Le 26 avril 2008, en raison d’un défaut de freinage, un train Veolia à traver2008sé la gare de Montauban à plus de 60 km/h, évitant de peu la collision avec un train de voyageurs. Le 20 mai dernier, un train d’Euro Cargo Rail, dont le chargement était mal arrimé, est entré en collision avec un train fret de la SNCF. Le conducteur est blessé, le trafic a été interrompu durant douze heures.
Les conducteurs de trains français – sous couvert de l’anonymat- racontent que la pression des managers les pousse à souvent bâcler les procédures de sécurité. Ainsi, dans le journal « l’Humanité » du 9 octobre dernier, un conducteur d’Euro Cargo Rail expliquait que pour gagner du temps certains de ses collègues n’effectuaient pas correctement les essais de freins de leur convoi.
Et en Suisse ?…Même marasme. On privatise à pas feutrés, parés de feuilles de vignes offertes par des lois votées sur mesure. L’Evangile des CFF est déjà celui du marché. Gare aux employés et aux usagers. Cet été, le chef Andreas Meyer (beau salaire) menace de mettre à l’amende les salariés en cas de retard des trains. L’automne passé, 54 emplois sont supprimés dans les gares de triages, 300 postes sont rayés de la carte début 2010. Les négociations salariales sont bloquées depuis décembre. Les usagers eux aussi en ramassent plein la poire: Grosses augmentations des tarifs en vue, alors que les trains sont déjà hors de prix… de quoi redevenir automobiliste. Ce n’est pas tout : des billets plus chers seront (sont déjà en fait) vendus aux pendulaires, c’est à dire à des travailleurs, des gymnasiens des étudiants; ils ont le tort de voyager aux heures de pointes… !5 francs de taxe supplémentaire est perçu sur des billets internationaux. Reste ce que nous connaissons déjà : Encombrement des trains, pannes, retard, suppression des Wagons silence pour les deuxièmes classe. La Belgique préfigure ce qui nous attend : là-bas, des trains sont déjà supprimés, les wagons mal nettoyé, des gares abandonnées. C’est vrai, les CFF ont proposé quelques innovations, comme par exemple une cadence de 30’ sur le réseau principal. Mais ce n’est juste rien par rapport aux stress et aux risques que subissent ceux qui travaillent – les cheminots- et ceux qui paient, les usagers. Nous passons deux fois à la caisse : une fois pour les billets et une fois avec nos impôts. Avec les privatisations ce sera pire car l’Etat (donc nous) risque fort de se ramasser les parties non rentables du rail.
Puisqu’on est dans le glauque, restons-y. Gygi, exécuteur des basses œuvres de la privatisation à la poste, se ramène sur le rail. Privatiser, ça il sait. En fait ce n’est pas sorcier. Le modèle est partout le même : on coupe en morceau l’entreprise, on transfert dans ces portions découpées, une série d’activités puis on décrète que ces entités sont désormais indépendantes les unes des autres, que ce soit sur le plan comptable que dans le secteur de la productivité. En clair, chaque élément (on les appelle généralement unité) fonctionne comme une société anonyme dont le but est de faire du fric. Ainsi dépecé un service public – les CFF par exemple- est facile à vendre, à des actionnaires suisses ou étrangers.
Que la droite salive à l’idée des privatisations est normale. Malheureusement les partis de gauche, les syndicats que les média écoutent (verts et socialistes) ainsi que les syndicats, les associations de défense des citoyens ou de la nature, ne s’opposent pas ouvertement à toute privatisation. C’est un peu inquiétant. Mais nous pouvons, nous usagers et cheminots, réfléchir à des alternatives concrètes à la vente de nos services publics, à la vente de l’Etat, et nous devrons bien un jour mais le plus vite possible mettre en œuvre des stratégies efficaces pour contrer ces voleurs de démocratie.

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