Les robots font disparaître des emplois

Le recours aux machines a des effets négatifs massifs sur les places de travail.
Entre 1990 et 2007, l’introduction de robots multitâches dans l’industrie a fait perdre jusqu’à 670 000 emplois aux Etats-Unis.

C’est la conclusion de Daron Acemoglu, du Massachusetts Institute of Technology, et de Pascual Restrepo, de l’Université de Boston. Ces deux économistes réputés se sont penchés sur les impacts réels de la robotisation en réalisant la première analyse des données disponibles.

Si cette perte est moins lourde que les deux millions de postes cédés lorsque la production a été délocalisée en Chine, le phénomène n’en est pas moins inquiétant, car il n’en est qu’à ses débuts: le nombre de machines multitâches qui ne nécessitent pas de supervision humaine devrait quadrupler.

Autres découvertes: les salaires ont légèrement diminué et les disparitions de postes ont frappé des régions entières, comme celle de Detroit, sans que cela soit compensé par l’arrivée de nouveaux jobs. Une mauvaise surprise pour les deux économistes qui, l’an dernier, estimaient que la robotisation favoriserait la création de nouveaux emplois plus qualifiés.

«La conclusion est que même si l’emploi et les salaires globaux se redressent, il y aura des perdants dans ce processus», a résumé Daron Acemoglu.

L’étude devrait aussi intéresser les Européens. Sur le continent, l’industrie a déjà introduit 1,6 robot pour mille ouvriers, contre un pour mille aux Etats-Unis.

20 Minutes, par Anne-Isabelle Aebli, 31 mars 2017

UN THÈME, DEUX AVIS

L’automatisation ne concerne pas seulement les transports publics. Les métiers et les professions sont en perpétuel changement. Prenons l’exemple des commerces de détails: dans le temps, le personnel remplissait les bocaux de l’acheteur au comptoir, aujourd’hui, il lui montre la direction du système de scannage des articles. Dans quelques années, il sera techniquement possible de faire rouler des trains entiers sans conducteur et pas seulement des funiculaires. En basant le système sur la technologie GPS, de nombreux éléments de sécurité deviendraient théoriquement inutiles. Gagnera-t-on en sécurité – je me permets d’en douter !

En cas d’automatisation intégrale, ce sera un ordinateur qui décidera, par exemple, si toute la circulation des trains doit être perturbée par la présence d’un renard au bord de la voie. L’automatisation fonctionne bien dans des environnements clairement compartimentés, comme par exemple une ligne de métro. Toutefois, s’il est vrai que le Docklands Light Railway de Londres roule sans pilote, il y a toujours un technicien à bord pour intervenir en cas de dysfonctionnement d’une porte ou pour assembler deux rames.

Les quelques projets en préparation permettront de déterminer les réelles possibilités, notamment sur la ligne Neuchâtel – La Chaux-de-Fonds et sur le Südost-Bahn. Une chose est sûre : en cas de réalisation, cela coûtera très cher, puisqu’il s’agit d’investir beaucoup d’argent dans des technologies qui seront probablement déjà dépassées quand le premier train autonome circulera.

La société devra décider si elle souscrit à des transports publics déshumanisés. Elle devra se poser des questions d’ordre philosophique comme, par exemple, comment mener une vie digne lorsqu’on n’a plus rien à faire. Et plus concrètement encore: qui paiera? En effet, l’automatisation va supprimer de nombreux emplois dans la classe moyenne et, logiquement, d’importantes sources d’impôts.

Hans-Ruedi Schürch, Président du syndicat du personnel des locomotives (fLPV-SEV) (syndicat du personnel des transports)
ATE, Magazine mars 2017

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