Caisse publique : Ministres romands en campagne

Cinq directeurs romands de la Santé s’engagent pour la caisse publique. Selon eux, le système actuel ne peut plus être amélioré par de simples ajustements. C’est une première. La Conférence latine des affaires sanitaires et sociales (CLASS) n’a pas l’habitude de faire campagne et surtout pas en y associant la majorité de ses membres. Elle a franchi le pas en faveur de la caisse publique. Cinq ministres romands de la Santé se sont adressés hier à la presse pour défendre le projet soumis au peuple le 28 septembre: le Vaudois Pierre-Yves Maillard, la Fribourgeoise Anne-Claude Demierre, le Neuchâtelois Laurent Kurth, le Jurassien Michel Thentz et le Genevois Mauro Poggia. Tous socialistes à l’exception du dernier qui est membre du Mouvement citoyen genevois (MCG).

Deux autres socialistes ont choisi de rester sur la réserve, la Valaisanne Esther Waeber-Kalbermatten et le Bernois Philippe Perrenoud. La caisse publique ne compte donc qu’un seul adversaire au sein de la CLASS, le Tessinois Paolo Beltraminelli (pdc).

Malgré la surreprésentation du PS, les ministres romands de la Santé se défendent de participer à un combat partisan en faveur d’une initiative socialiste. «Nous nous engageons car nous connaissons de l’intérieur les défauts du système», souligne Michel Thentz. «Je ne suis pas porteur d’une vision idéologique, ajoute Laurent Kurth. Je constate que le système enferme les assureurs dans une logique de profit qui nuit aux objectifs de santé publique. Ils n’ont aucun intérêt à soutenir des programmes de prévention à long terme.» Pour Mauro Poggia, ce n’est pas non plus un combat gauche-droite. «Il y a des tâches que l’Etat doit assurer car elles répondent à des besoins essentiels et assurent la cohésion ­nationale.»

Sensibilité romande
Pierre-Yves Maillard constate que la gauche a des alliés. «Les sections vaudoise et genevoise du PDC sont également favorables à l’initiative, tout comme les sociétés médicales de Vaud et Genève.» L’engagement des ministres traduit donc aussi la sensibilité particulière des cantons romands dans ce domaine. En 2007, lors de la dernière votation sur la caisse unique, le projet avait capoté dans l’ensemble du pays à l’exception de Neuchâtel et du Jura.

Le sondage SSR publié vendredi dernier montre que les Romands restent beaucoup plus ouverts à un changement de système que les Alémaniques. Maura Poggia est persuadé que Genève basculera dans le camp du oui, d’autant que la prochaine publication des primes 2015 devrait mettre en évidence un renforcement de l’écart entre les primes au sein d’un même canton.

«Dans le canton de Vaud, la hausse variera entre 1% et 14% selon les caisses alors que les prestations sont identiques, affirme Pierre-Yves Maillard. La concurrence s’exerce seulement sur le niveau des primes et elle fragilise les caisses bon marché qui attirent de nouveaux assurés car elles doivent constituer de nouvelles réserves. Le seul assureur qui s’en sort est Assura car il pratique le système du tiers garant dans lequel le patient doit avancer le prix des médicaments. C’est une façon efficace d’encourager les mauvais risques à choisir une autre caisse.»

Dans les autres cantons, on s’attend aussi à des écarts importants. Selon Anne-Claude Demierre, la hausse des primes à Fribourg pourrait aller jusqu’à 10% dans certains cas. «La caisse publique apportera enfin la transparence et la simplification à laquelle aspire la majorité de la population, notamment en empêchant la cohabitation de l’assurance de base et des assurances complémentaires.» A Neuchâtel, les primes 2015 pourraient constituer un choc. Laurent Kurth affirme que les chiffres qui circulent sont «impressionnants».

Pour les ministres romands de la Santé, la caisse publique permettra enfin d’assurer la concordance entre l’évolution des primes et les coûts de la santé. Par ailleurs, elle mettra un terme à la sélection des risques, supprimera le problème des réserves excédentaires et rendra possible un véritable pilotage du système de santé. «C’est aussi le seul modèle qui garantit le maintien du libre choix du médecin», conclut Pierre-Yves Maillard.

27 08 2014, Christiane Imsand, Le Courrier

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