Montricher fait le deuil de sa poste

Ouverte dans l’épicerie du village, une agence postale remplace l’office de poste qui a fermé le 23 octobre. Les Montélets ne cachent pas leur déception.

Le 17 mai 1993, Jean-Daniel Guignard étrennait la nouvelle poste de Montricher. Le 23 octobre 2010, accompagné de son épouse Monique, il tirait une dernière fois la grille: la poste entrait dans la boîte aux souvenirs. Depuis lundi, une agence postale, située dans l’épicerie du Pied du Mont-Tendre, remplace l’office de poste. Une page s’est tournée. Qui suscite une certaine amertume chez beaucoup de Montélets.

La substitution d’une agence à un office est en quelque sorte un retour à la situation originelle. En effet, c’est un dépôt postal qui s’ouvre à Montricher le 5 septembre 1867. Il est tenu par deux gérants. Devenue bureau en 1975, la poste est logée dans des locaux privés (généralement au domicile des buralistes) jusqu’en 1993. C’est alors que la Poste inaugure ses propres locaux aménagés dans un ancien bâtiment communal qui, autrefois, servait d’écurie de relais pour les chevaux de diligence. Bâtiment situé au cœur du village et qui, désormais, devra trouver une nouvelle affectation.

«Je m’y fais! Je m’y attendais! La pilule a passé tranquillement!» confie Jean-Daniel Guignard dont l’histoire locale retiendra qu’il aura été le dernier buraliste. Combier, il a débuté sa carrière au Sentier (1970-1986), l’a poursuivie à Crissier puis, après une période de remplacements, est arrivé à Montricher en février 1992. Il partageait la distribution du courrier avec son épouse Monique, laquelle poursuivra sa carrière à Cottens. Car, désormais, Jean-Daniel assume seul à Montricher la distribution d’un courrier qu’il réceptionne et trie à la poste de Bière. «On s’adaptera! On n’a pas tellement le choix!» ajoute Monique Guignard.

Ces propos teintés d’une compréhensible déception trouvent un écho parmi la population: «Je suis déçu! On aimait se retrouver à la poste. On discutait avec le facteur. Avec cette fermeture, c’est comme si un bistrot disparaissait!» confie Victor Strub.

«C’est dommage! C’est une institution qui disparaît. Ce n’est pas seulement un problème postal, c’est aussi une question d’ambiance, de proximité, de convivialité», déclare Michel Seewer.

Certains s’étonnent que la poste ferme alors que le village connaît une évolution démographique. Mais, paradoxalement, la fréquentation diminuait: «Elle n’était plus, en moyenne, que de 35 personnes par jour!» indique le municipal Maurice Agassis. Avec ses collègues Sylvette Lambercy et Bernard Perrin, il est venu - chargé de fleurs et de bouteilles - faire la fermeture de la poste, vers 10h. Et de préciser que la Municipalité n’a pas eu grand-chose à dire: placée devant un choix, elle a opté pour l’agence postale qui lui paraît être «la solution la plus pratique».

L’agence est tenue par Patricia et Fabio Marrone qui exploitent depuis juillet 2009 l’épicerie villageoise. Avec leurs collaboratrices, ils ont reçu une formation qui leur permet d’assurer les prestations postales de base. «Si on a accepté l’agence postale, c’est essentiellement en pensant aux gens du village: c’est un service que nous rendons à la collectivité et qui nous assure un gain accessoire. On espère que le service postal contribuera à faire connaître le magasin.»

Durant la semaine qui s’achève, une formatrice de La Poste a accompagné le personnel de l’épicerie dans l’accomplissement des tâches postales et a renseigné la clientèle sur les prestations offertes.

Gilbert Hermann, Journal de Morges

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