Pas de taxes sur les caisses automatiques

Le Grand Conseil genevois a rejeté un projet de loi visant à taxer à hauteur de 10’000 francs par mois les caisses automatiques des grands magasins. «L’automatisation des tâches et l’introduction de nouvelles technologies dans le monde du travail le transforment en profondeur», a relevé Jocelyne Haller (Ensemble à gauche).

Le projet de loi déposé en 2017 par le socialiste Roger Deneys visant à taxer à hauteur de 10’000 francs par mois les caisses automatiques des grands magasins – pour reverser la majeure partie de la somme aux commerces ne faisant pas appel à ce type de caisses, mais aussi financer des reconversions professionnelles – n’a pas convaincu le Grand Conseil, ce jeudi soir. L’objectif affiché était de sauver les emplois dans la vente et de stimuler un commerce de proximité basé sur des relations humaines.

«L’automatisation de l’outil de travail est profitable à court terme pour les entreprises qui y font appel, mais à moyen terme, il coûte extrêmement cher à la collectivité», a dénoncé Romain de Sainte Marie (PS). «Car si ces entreprises sont imposées sur leurs bénéfices, il n’y a aucune ponction sur les caisses automatiques pour financer les assurances sociales. Ce projet vise à réduire l’inégalité avec la main d’œuvre humaine qui devient toujours plus chère.»
Un «projet dogmatique»

Des arguments qui ont laissé la droite de marbre. Citant les nombreuses oppositions au projet, tant du côté patronal que syndical, Jacques Béné (PLR) a dénoncé un modèle d’«économie planifiée». André Pfeffer (UDC) a évoqué un «projet dogmatique qui ne prend pas en compte ni le franc fort ni le tourisme d’achat». Quant à Daniel Sormanni (MCG), il a souligné que «les vendeuses préfèrent être à la caisse automatique qu’à la caisse traditionnelle, bien plus fatigante».

Tout en jugeant la taxe prohibitive, Jean-Marc Guinchard (Le centre) a évoqué la nécessité d’avoir une vision à long terme: «L’évolution des systèmes d’intelligence artificielle doit nous questionner sur le plan fiscal et du financement des assurances sociales. Il s’agira d’un défi majeur ces prochaines années.»

Cyril Aellen (PLR) a raillé un «combat contre le progrès technologique, contre les conditions de travail des employés du commerce de détail et un objectif fiscal pas réalisé». Ce qui a eu le don d’agacer Jocelyne Haller (Ensemble à gauche), pourtant opposée au projet tel que formulé.

«L’automatisation des tâches et l’introduction de nouvelles technologies dans le monde du travail le transforment en profondeur. Il faut arrêter d’accuser les autres de vouloir revenir à l’âge de pierre. Comme si on ne pouvait pas faire de pesée d’intérêts entre les avantages et désavantages des nouvelles technologies», a soutenu l’élue.

Les tentatives du PS et des Vert·es de renvoyer le projet de loi en commission afin qu’il y soit retravaillé ont échoué. Au final, une majorité a refusé l’entrée en matière par 51 voix contre 28 et 10 abstentions.

Le Courrier, jeudi 2 juin 2022 Christiane Pasteur

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