Bras de fer engagé au CHUV

Environ 450 personnes ont défilé mercredi à Lausanne pour réclamer de meilleures conditions de travail pour les employés du CHUV. Cette manifestation s’est déroulée en fin de journée, à l’issue d’une journée de grève et de mobilisation des employés de l’hôpital cantonal. L’ensemble du personnel de santé du canton était appelé à participer à la manifestation. Rebecca Ruiz invite les syndicats à une rencontre avant la fin du mois de juin.

Très tôt dans la journée, des employés du CHUV et des représentants syndicaux se sont relayés au piquet de grève planté devant l’entrée principale de l’hôpital cantonal. Les grévistes portent trois revendications principales. Ils réclament un renforcement des effectifs, une revalorisation salariale et une prime Covid pour tous. Le montant de 900 francs n’a été octroyé qu’à une partie des employés, selon des conditions restrictives et uniquement pour la mobilisation de la deuxième vague. «C’est surtout le personnel en première ligne qui a pu en bénéficier, pas ceux qui se trouvaient ailleurs, comme dans la logistique, l’administratif ou encore le nettoyage», explique David Gygax du syndicat des Services publics. Et de poursuivre: «Ils ont aussi offert 2 jours de congé à l’ensemble du personnel pour récompenser la mobilisation lors de la première vague.»

A la mi-journée, plus d’une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant l’entrée d’Unisanté et des urgences de la Policlinique médicale universitaire, situés un peu plus bas sur la rue du Bugnon. Des banderoles et pancartes soulignaient l’état de fatigue des employés. «Personnel surmené et énervé! Santé en danger», «Un soignant bien payé et reposé = un patient bien soigné», pouvait-on lire dessus.

Cortège de 450 personnes

C’est vraiment en fin de journée que la mobilisation a pris de l’ampleur et grossi les rangs. Réunis à 17h30 devant le bâtiment de la direction à la rue du Bugnon 21, les employés soutenus par les syndicats SUD et SSP ont rappelé leurs trois revendications principales et exigé davantage de respect et de la reconnaissance pour tout le travail accompli.

Passé 18h00 un cortège d’environ 450 personnes s’est mis en marche en direction de Saint-François en scandant quelques slogans dont «Rebecca t’es foutue, les salarié-e-s sont dans la rue».

Les témoignages des employés présents à midi soulignent le manque d’effectif et l’état de fatigue qu’ils ressentent à l’hôpital. «Nous sommes tout le temps en sous-effectif. J’ai une équipe de dix infirmiers et quatre sont en arrêts maladie partiels ou complets. Si je ne compte pas les absences ponctuelles, cela me fait 2, 7 EPT en moins. Mais malgré ces absences nous devons fournir le même travail. L’équipe est fatiguée et les soins perdent en qualité», confie une infirmière-cadre soutenue par une collègue. Trois sages-femmes de la maternité confient que «les équipes tremblent face à une légère baisse des naissances car elles redoutent une baisse d’effectifs alors que le travail se fait toujours à flux tendu.»

Du côté des techniciens en radiologie médicale (TRM), ce sont surtout les heures supplémentaires accumulées qui représentent un grand défi à gérer, explique Patrick Vorlet, président de la section romande de l’association suisse des TRM. Sans compter que l’hôpital cantonal tourne à plein régime aujourd’hui. «Un patient sur deux du CHUV passe entre nos mains. Toutes les personnes dont on a suspecté une infection au Covid sont passées dans nos services de radiologie», précise-t-il. Pourtant, les 150 TRM du CHUV ont été exclus de la prime Covid au départ. «Aujourd’hui, environ deux tiers ont reçu leur prime», précise toutefois Patrick Vorlet.

Dans les faits, combien d’employés ont vraiment fait grève ce 23 juin? David Gygax explique que les syndicats ne peuvent avoir que des estimations du nombre de personnes en grève aujourd’hui. Les grévistes ont légalement dû s’annoncer auprès de la direction du CHUV. A midi, le nombre de 50 circulait entre quelques lèvres. Mais David Gygax conteste ce chiffre sans en formuler un de son côté. «Il y a eu des réquisitions du personnel en médecine interne pour assurer le service minimum. Il y a aussi des tentatives d’intimidations et le CHUV ne reconnaît pas les employés qui font grève, mais qui ne figurent pas sur le planning du jour ».

Une quarantaine de grévistes

Au CHUV, Antonio Racciatti, directeur des ressources humaines, explique avoir reçu 43 demandes dont 41 qui ont été acceptées. «Seule deux professionnels se sont vus refuser le droit de faire grève car le service dans lequel ils travaillaient avait besoin qu’ils soient présents pour garantir la prise en charge des patients dans de bonnes conditions. Considérant ces chiffres, il coule de source que nous n’avons pratiqué ni intimidation, ni réquisition.»

Quel que soit le nombre réel de participants le syndicaliste David Gygax estime que l’appel à la grève est une réussite. «Mme Ruiz nous invite à la table des négociations mardi prochain. Nous avons reçu une lettre hier soir», conclut-il. La liste des sujets qui seront abordés n’est pas close, nous répond le Département de la santé et de l’action sociale. Mais une chose est claire: «il ne sera pas possible d’élargir l’octroi de la mesure de reconnaissance de 900 francs maximum, qui va toucher environ 17’000 personnes, car le Grand Conseil a circonscrit son périmètre», explique Sonia Arnal, chargée de communication au DSAS. Elle rappelle par ailleurs qu’un député a tenté de faire étendre la prime covid par la voie d’un amendement, mais que le parlement a refusé.

Le Courrier, 23 juin 2021, Selver Kabacalman

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