Le plan climat de Lausanne est plébiscité

Le Conseil communal soutient le plan climat et demande une augmentation du budget pour la réalisation d’études.
Les 170 mesures proposées par la municipalité prévoient notamment la fin des véhicules thermiques d’ici à 2030, l’assainissement du parc immobilier et le remplacement des chauffages à mazout par un chauffage à distance décarboné en 2050.


Il était très attendu. L’ambitieux plan climat de la Ville de Lausanne pour atteindre la neutralité carbone en 2050 a occupé une grande partie de la séance du Conseil communal mardi soir. Pour rappel, les 170 mesures proposées par la municipalité prévoient notamment la fin des véhicules thermiques d’ici à 2030, l’assainissement du parc immobilier et le remplacement des chauffages à mazout par un chauffage à distance décarboné en 2050. Le plan climat a recueilli un large soutien de tous bords, malgré des critiques ciblées.

Premier groupe à intervenir, Ensemble à gauche a affirmé qu’il était un nouveau pas dans la bonne direction. «Nous l’attendions de pied ferme, avec une vision critique. Nous n’avons pas déposé de rapport de minorité parce que les débats en commission allaient dans le même sens que la position de notre parti», a avancé Johann Dupuis. Le parti regrette toutefois que la Ville vise d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et non pas en 2030, comme annoncé dans un premier temps. Il critique également le manque de clarté sur la manière d’atteindre les objectifs pour la mobilité, dont le bilan carbone doit être neutre dans neuf ans, et pour les bâtiments, qui concentrent près de 60% des émissions de gaz à effet de serre.
«Formidable capacité d’adaptation»

A l’autre bout de l’échiquier politique, l’UDC a qualifié le plan climat de «réponse digne d’être étudiée», face aux problématiques du réchauffement climatique. Le parti adhère globalement aux mesures permettant d’atténuer les effets du changement climatique et se dit «plus réservé» face à celles qui visent à diminuer les gaz à effet de serre. L’UDC juge que celles-ci impactent frontalement la liberté de choix et les modes de vie des Lausannoises et Lausannois. «Le plan climat ne fait pas mention de la formidable capacité d’adaptation du genre humain», a soulevé Jean-Luc Chollet. Le parti libéral-conservateur soutient également le plan climat mais émet des doutes quant à la faisabilité de l’électrification de l’entier du parc automobile en 9 ans. Il regrette que l’assainissement des bâtiments soit à la charge des propriétaires.

Le PLR salue un plan climat préparé en un temps record. Mais il est également dubitatif sur les possibilités de rendre la mobilité neutre en émission carbone en 2030 et sur les objectifs de réduction des émissions des bâtiments. «La majorité des conditions-cadres doivent être adaptées et la majorité d’entre elles ne sont pas du ressort communal», a souligné Anna Crole-Rees. Le parti a pointé du doigt la lenteur avec laquelle la Ville assainit ses propres bâtiments. «Sur les 800 bâtiments qu’elle possède, seuls huit auraient été rénovés sur toute une législature» a dénoncé Philippe Miauton. Il calcule que Lausanne devrait assainir dorénavant 24 bâtiments par an pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone en 2050. A l’instar d’Ensemble à gauche, le PLR reste sur sa faim concernant la planification des mesures.
Ne pas oublier les plus défavorisés

Les socialistes se réjouissent de construire une ville plus vivante et moins polluée, avec des investissements publics massifs. Ils insistent sur la nécessité que la transformation de Lausanne bénéficie aussi aux plus défavorisés. «La première mesure annoncée, la réduction des tarifs des transports publics pour les jeunes et les seniors, va dans ce sens», a relevé Romain Felli. Mais le parti majoritaire à l’exécutif a aussi vertement critiqué l’absence d’objectifs pour la rénovation des bâtiments publics. «Le manque de vision politique globale nous inquiète. Nous souhaitons que la municipalité présente un plan d’action à long terme» a plaidé Muriel Chenaux Mesnier.

Les Verts demandent un suivi dans la durée pour chacune des mesures proposées. Ils regrettent une faiblesse d’ambition concernant l’alimentation, secteur où les émissions indirectes sont importantes et à propos des alternatives au béton. Le parti a déposé un amendement pour mettre en place des Assemblées citoyennes, relayant ainsi la revendication des mouvements pour le climat. «Ce n’est qu’avec une participation de la population que nous pourrons avoir une large adhésion au plan climat», a plaidé Sarah Gnoni, également sympathisante d’Extinction Rebellion. L’amendement a été massivement rejeté.

A la fin du débat, les élu·es ont voté un montant de 1’500’000 francs au lieu des 800’000 francs prévus initialement par l’exécutif pour les études nécessaires à la réalisation du plan climat et pour les démarches participatives. Selon les vœux de la commission, le doublement de ce budget doit servir à des études sur les réseaux de chauffage à distance, sur l’assainissement des bâtiments et le développement des énergies renouvelables, autant de points pour lesquels les mesures proposées par la municipalité n’ont pas satisfait les élu·es.

Le Courrier, 26 mai 2021, Sophie Dupont

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