Défendre et renforcer les services publics

Agora - L’hôpital public, fort sollicité par la crise du Covid, souffre des économies budgétaires faites «au fil des décennies sur le dos du personnel et des patients», pointe le député genevois Emmanuel Deonna. Il prône une fiscalité redistributive.

Nos collectivités publiques doivent entendre les signaux alarmants émanant du personnel hospitalier. D’énormes sacrifices autant psychiques que physiques sont exigés de lui aujourd’hui en raison d’un manque de personnel, en faisant passer la journée de travail de huit heures à douze heures pour certains services, et en forçant à des changements d’unités extrêmement stressants.

Or, comme l’a souligné le Syndicat des services publics à maintes reprises, la pénurie de lits et de personnel est la conséquence de la politique des caisses vides. En additionnant les économies obtenues au fil des décennies sur le dos du personnel et des patients, on parvient à des sommes faramineuses. Ce sont ces budgets qui manquent actuellement de façon dramatique à l’hôpital public. Respect des statuts et des règlements, augmentation des effectifs, prise en compte des revendications de la pétition «pour une valorisation des salaires des métiers de soins et d’entretien» et de celles émises lors de la semaine d’actions nationales «Ensemble avec le personnel de la santé»: ces exigences doivent être satisfaites. 210 postes d’auxiliaires Covid pour le traçage et la délivrance des aides urgentes aux secteurs économiques dits «cas de rigueur» vont être créés dans le cadre du budget 2021. 16,5 millions de francs supplémentaires seront dégagés pour les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et 3,2 millions supplémentaires pour l’Institution de maintien à domicile (IMAD). Cependant, le Conseil d’Etat ne peut pas se contenter de ces mesures. Il doit engager de toute urgence un dialogue avec tous les actrices et acteurs, au premier rang desquels les employé-e-s des HUG, afin de renforcer la résilience de notre système de santé, faire respecter les droits des travailleuses et rendre les professions de la santé plus attractives.

Le Cartel intersyndical de la fonction publique et les syndicats sont mécontents du projet de budget 2021. Ce dernier sacrifierait l’annuité au profit des postes, sans prendre en compte les besoins exprimés par les personnels des services publics. Les mobilisations impressionnantes de la fonction publique ces derniers mois ont joué un rôle déterminant dans l’affaiblissement de la droite au sein des négociations. Elles ont abouti au retrait du projet de baisse linéaire des salaires (-1%).

Cependant, le vote du budget de la collectivité est indispensable pour doter les institutions subventionnées des moyens de remplir leurs missions de service public. C’est aussi un moyen crucial de venir en aide aux plus vulnérables de notre société qui sont menacé-e-s, avec la crise sanitaire et économique, par la spirale de la paupérisation. La gauche n’est malheureusement pas en position de force au Grand Conseil genevois. Elle doit composer avec les partis de droite pour tenter de faire passer ses projets. C’est d’autant plus vrai dans le contexte du vote d’un budget déficitaire qui requiert, en vertu de la loi, un minimum de 51 voix pour pouvoir être adopté.

Or, dans le cadre de ce budget, des avancées notables ont pu être réalisées par rapport à l’exercice précédent. Ainsi, 312 nouveaux postes fixes ont été créés et 136 postes ont pu être pérennisés au sein du Service de protection de l’adulte, du Service des prestations complémentaires et du Département de l’instruction publique, en particulier dans l’enseignement spécialisé. Par ailleurs, la gauche continue et continuera d’exercer une pression parlementaire et extra-parlementaire pour promouvoir une fiscalité juste et redistributive, contre le bouclier fiscal, contre les forfaits fiscaux dont bénéficient les grosses fortunes et pour une imposition solidaire des très hauts revenus.

L’invité est député au Grand Conseil genevois, PS.
Le Courrier, 3 décembre 2020, Emmanuel Deonna

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