Une route qui sent un peu la naphtaline

Les cinq juges fédéraux installés face au public, mercredi matin à Mon-Repos, sont en apparence assez similaires. Hommes, cravates et costumes impeccables, tous nés avant 1966. Derrière les apparences, chacun son appartenance partisane. Deux juges PLR, un Vert, un Socialiste et un UDC ont ainsi participé à la saga du tram Lausanne-Renens. Les délibérations ont ratissé large.

De la planification territoriale des cantons, au parallèle qu’on peut tirer entre cette affaire et celle du passage à niveau du MOB, à Château-d’Œx, en passant par le financement des infrastructures ferroviaires. Mais la très sérieuse et rigoureuse justice fédérale – du moins sa voix majoritaire – a affirmé, comme une évidence: la route entre Vigie et Gonin doit servir à maintenir la fluidité du trafic automobile malgré l’arrivée du tram. Pourtant, ce tram a toujours été vendu comme une alternative à la voiture. Est-ce si évident que cela, d’estimer que les milliers d’automobilistes qui traversent quotidiennement Lausanne aujourd’hui doivent absolument pouvoir continuer à le faire? Il n’appartenait pas au Tribunal fédéral de trancher la question. Elle appartient aux politiques. Il y a plus de dix ans, certains d’entre eux ont décidé qu’il fallait garantir le trafic sans quoi ils s’opposeraient au projet de tram.

L’idée de supprimer un cordon boisé en plein Lausanne pour y construire une route a choqué des associations, mais pas les partis, qui y ont vu un compromis inévitable. En 2019, l’absurdité de ce deal est plus évidente. Les Verts s’indignent mais ne peuvent pas y faire grand-chose. C’est d’ailleurs leur ex-syndic Daniel Brélaz qui a scellé à l’époque ce marché (accompagné du PLR Olivier Français), avec un autre Vert: François Marthaler alors conseiller d’État. Quelques heures après la délibération des juges en costard, c’était au tour de trois femmes de gauche de dire la foi qu’elles ont en ce projet de tram. Le calcul a été fait: 1,5 km de routes lausannoises sera fermé aux voitures pour les transports publics. C’est inédit! Mais il a fallu concéder une nouvelle rampe routière de 250 m. Soit. Elles assument les choix du passé. On ne peut pourtant pas s’empêcher de penser que si elles avaient été à l’origine du projet, il sentirait un peu moins la naphtaline. (24 heures)

24 Heures, Cindy Mendicino, 08.05.2019

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