Souveraineté alimentaire : oui

Séance d’information : Mardi 11 septembre à 20h, À Pôle Sud, J-J Mercier 3, Lausanne
Avec Michelle Zufferey, ethnologue et secrétaire permanente à Uniterre; Claude Girod, agricultrice et membre de la Confédération paysanne (qui fait partie de la coordination paysanne européenne et de Via Campesina)
Organisée par solidaritéS Vaud

 (Acidus soutient cette initiative par opposition aux Accords de libre échange qui appauvrissent les paysans, entre autres, et les obligent à des cultures qu’ils ne peuvent choisir).

La notion de souveraineté alimentaire a été initiée et présentée par Via Campesina lors du Sommet de l’alimentation organisé par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) en 1996. Elle représente le droit de chaque population à définir sa propre politique agricole et alimentaire, sans le faire au détriment d’une autre région. Elle est un outil de lutte contre l’exploitation à la fois de l’environnement et des humains. Elle place les êtres humains au cÅ“ur des systèmes alimentaires, qu’il s’agisse des producteur.ice.s, des distributeur.rice.s ou des consommateur.rice.s en revendiquant des systèmes alimentaires locaux, sains et durables tout en garantissant des prix, des salaires et des conditions de travail justes.

Dans ce sens, l’initiative sur la souveraineté alimentaire suisse, soumise à votation le 23 septembre 2018, vise une agriculture qui permette aux personnes actives d’en vivre décemment et à la population d’y avoir accès ; elle demande que la Confédération favorise la création d’emplois dans l’agriculture et veille à l’amélioration des conditions de travail de la profession ; elle favorise la relocalisation de la production et les échanges directs dans une optique durable et démocratique ; et finalement, interdise l’utilisation d’OGM et garantisse le droit à l’utilisation, la multiplication l’échange et la commercialisation de semences par les paysan×ne×s.

Suite à l’échec du cycle de Doha lancé par l’OMC (Organisation mondiale du commerce) en 2001, des accords bilatéraux et multilatéraux de libre-échange se multiplient, tel l’accord entre le Mercosur (Marché commun de plusieurs pays de l’Amérique du Sud) et l’UE (Union européenne). Mais les plus importants industriels suisses de l’exportation essayent de damner le pion à leurs concurrents européens. Et c’est ainsi que leur groupe d’intérêts (economiesuisse), et le conseiller fédéral J. Schneider-Ammann poussent à signer un accord bilatéral entre la Suisse et ces mêmes pays qui demandent avant tout un accès plus important pour l’exportation de leur viande de bœuf. L’USP (L’Union Suisse des Paysans) a boycotté le sommet en février en dénonçant le manque de transparence dans les négociations et craignant le démantèlement de l’agriculture suisse. Aucunes mesures de compensation ne sont prévues pour compenser la réduction de la protection douanière qu’impliquent ces accords.

En effet, cet accord de libre-échange ne se situe-t-il pas à l’opposé de la souveraineté alimentaire ? De plus en plus de critiques évoquent divers dangers : Au niveau écologique, l’augmentation de la production de soja pour le bétail européen pourrait s’avérer comme une menace majeure pour l’environnement en Amérique du Sud. Au niveau social, l’intensification de la production et de l‘exportation d’éthanol et de soja vers l’Europe risquent de favoriser l’accaparement de terres par des grands groupes et donc l’expulsion des petits paysans. Au plan économique, la souveraineté de réguler des semences et de privilégier les marchés locaux sont en jeu en raison du pouvoir croissant des multinationales. La tendance n’irait-elle pas vers une re-primarisation de l’économie latine qui se réduirait principalement à l’exportation de matières premières comme lors de l’époque coloniale ? Qu’en est-il du principe de la concurrence ou de la solidarité entre les paysan-ne-s au niveau national et international ?

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