Grève en vue en Ville de Genève

Entre colère et inquiétude, le personnel de la Municipalité vote un préavis de grève le 4 décembre face au gel des salaires prévu en 2026.
A l’unanimité moins deux voix, les employé·es de la Ville de Genève ont voté jeudi soir un préavis de grève. Réuni·es à plus de deux cents dans la salle du Faubourg, ils et elles ont aussi décidé d’un rassemblement le 25 novembre devant le Conseil municipal.

«Il y a le feu au lac quant à vos conditions de travail», avertit Corinne Béguelin secrétaire syndicale au Syndicat des services publics (SSP). La salle acquiesce. «Je comprends mal que les économies se fassent sur le dos des employés municipaux», confie un horticulteur. En perspective, la prochaine votation sur une enveloppe de 21,5 millions pour la villa Masset fait grincer des dents. Il s’agit toutefois d’un crédit d’investissement 2025, sans lien direct avec le budget de fonctionnement où sont inscrits les salaires. Un autre employé évoque une «attaque historique» et appelle à «répondre à la hauteur de l’attaque». Plus prudente, une collègue s’inquiète de la capacité du mouvement à garder «la sympathie du public» en cas de grève.

Ces réactions surviennent une dizaine de jours après la présentation du second projet de budget 2026 par le Conseil administratif. Le déficit atteindrait 69,3 millions de francs, en raison notamment de la révision à la baisse des prévisions fiscales cantonales, amputant la Ville de 28 millions de recettes attendues. Pour limiter cette chute, l’exécutif entend suspendre l’ensemble des mécanismes salariaux, soit les annuités, la progression du 13e salaire et la prime d’ancienneté, en sus de l’abandon de l’indexation. Quelque 8,2 millions d’économies, auxquels s’ajoutent 6 millions via le gel de 55 postes vacants et 1,5 million en reportant certains engagements.

Des mesures que les syndicats jugent «inacceptables». «Le Conseil administratif a fait un choix», souligne Valérie Buchs, secrétaire syndicale au syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs (SIT): celui de présenter un budget déficitaire tout en faisant porter les économies sur le personnel. Corinne Béguelin rappelle que ces coupes frappent alors que les primes maladie et le coût de la vie explosent. «Avec le gel des postes, la surcharge de travail va être évidente», poursuit-elle, redoutant des répercussions sur les prestations. Elle pointe aussi un paradoxe politique: «On déplore que ce soit un exécutif de gauche qui prenne ce type de mesures.»

Pour permettre le gel en 2026, le Conseil administratif a déposé un projet de modification du Statut du personnel introduisant une disposition transitoire. «Les annuités, l’indexation ou le 13ᵉ salaire font partie du Statut. Les suspendre revient à remettre en cause les droits du personnel», estime Corinne Béguelin.

Le Courrier, 21 novembre 2025, Bathsheba Huruy

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