Alfonso Gomez, Conseiller administratif en charge du département des finances, de l’environnement et du logement, a présenté jeudi 13 novembre un nouveau projet de budget 2026 pour la Ville de Genève. Le personnel de la petite enfance est le seul épargné par le blocage général des mécanismes salariaux.
Rien de bien nouveau pourtant dans cette présentation officielle, puisque tout ou presque avait déjà été dévoilé dans la presse, et notamment par Le Courrier.
Contrainte légale oblige, le Conseil administratif avait en effet publié son projet bis du budget 2026 mardi soir déjà . Il en a ensuite détaillé les contours, en commission des finances mercredi et devant la presse jeudi, avant la plénière extraordinaire du Conseil municipal lundi prochain.
Ce budget prévoit des revenus de 1,31 milliard de francs pour des charges atteignant 1,38 milliard. Soit un déficit de 69,3 millions. Alors que le premier projet, refusé par la majorité de droite, affichait lui un déficit de 62,1 millions. Pourquoi cet écart? Car entre-temps le canton a annoncé revoir à la baisse ses prévisions fiscales. Coup dur pour la Ville de Genève qui a vu ses revenus chuter de 28 millions. Une différence que ne suffisent pas à effacer les 21 millions d’économies présentés jeudi.
Parmi les mesures annoncées, le gel des mécanismes salariaux – suppression de l’annuité et de l’indexation – devrait permettre d’économiser 8,3 millions. Des subventions, notamment dans la culture, ont aussi été diminuées. A cela s’ajoute le gel de 55 postes vacants avec une économie de 6 millions à la clé. «Il n’y a pas de coupe linéaire», selon le magistrat, mais des économies suggérées au cas par cas par chacun des départements. «Cette situation marque la fin des résultats extraordinaires enregistrés dans les années post-Covid», a souligné le maire. Le Conseil administratif entend aussi réviser son plan financier, en visant un retour progressif à l’équilibre budgétaire d’ici à 2033. «Des mesures structurelles d’économie devront encore être définies afin de sécuriser la trajectoire envisagée.»
Création de postes
Des économies certes, mais les autorités entendent bien maintenir la création de 61,2 postes ETP – contre 69,5 dans la première mouture – dont 27,5 en lien avec de nouvelles places en crèche prévues pour l’année prochaine. Le Conseil administratif veut aussi conserver son plan d’investissement, avec une enveloppe de 180 millions, dans le but de poursuivre la rénovation de son parc immobilier, pour le soutien au sport, à la culture et aux écoles, et continuer son plan d’action pour la transition écologique et énergétique.
Petite éclaircie dans ce budget d’austérité, le personnel de la petite enfance n’est pas touché par le gel de l’annuité et la suppression de l’indexation salariale. Entre 1500 et 2000 personnes sont concernées, selon l’estimation à la louche de la Ville.
Alfonso Gomez a aussi tenu a rappelé deux faits d’importance. Le premier est un gros caillou jeté dans la mare du canton, montré du doigt pour sa «responsabilité» dans cette cure d’amaigrissement municipale. En cause: la baisse d’impôts, qui a plombé les finances communales. «Nous avons maintes fois dit et répété que cette baisse allait nous mettre dans une situation difficile. Nous y sommes», a glissé le magistrat, mi-agacé, mi-fataliste. Le second point concerne la suppression de l’annuité et de l’indexation, qui est proposée pour 2026 «uniquement».
Augmenter les impôts?
Ce projet de budget trouvera-t-il grâce aux yeux de la droite, majoritaire au Municipal? Si elle le refuse, la Ville pourrait commencer l’année 2026 sous le régime des douzièmes provisoires. Un mécanisme qui consiste à une reconduction mois après mois du budget de l’année précédente.
A la question de comment augmenter les recettes, ou tout du moins tenter de juguler ce déficit budgétaire, le grand argentier de la Ville de Genève n’a pas caché qu’une des pistes pourrait être une augmentation des impôts. «C’est une hypothèse qui n’est pas exclue», a lâché Alfonso Gomez.
Des syndicats remontés
Dans la foulé de cette présentation budgétaire, le conseiller administratif a rencontré les syndicats. Avant de recevoir la commission du personnel lundi pour une explication de texte. Les partenaires sociaux n’ont d’ailleurs pas caché leur froide colère à l’annonce de ce projet parsemé d’ascétisme budgétaire. Surtout de la part d’un gouvernement à majorité de gauche. «Avec ce blocage des mécanismes salariaux, le Conseil administratif s’attaque au pouvoir d’achat du personnel de la Ville de Genève ainsi qu’à ses conditions de travail», fustigent les syndicats SIT et SSP. Ces économies auront des effets directs sur la charge de travail du personnel en place, estiment encore les syndicats. Qui poursuivent: «Le Conseil administratif propose ni plus ni moins de faire porter une part importante de l’effort d’ajustement budgétaire sur le personnel, sans proposer de solution à la perte de rentrées fiscales.»
Pour s’opposer à ces mesures d’austérité, les organes de défenses des salarié·es appellent à une assemblée générale le 20 novembre à 18h à la salle du Faubourg.
Le Courrier, 13 novembre 2025, Marc Lalive d’Epinay

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