On veut du fric. Du fric pour les services publics

Plus de 2500 fonctionnaires ont manifesté à Genève contre le gel des mécanismes salariaux et le plan d’économies prévu par le Conseil d’État. Une nouvelle grève est annoncée le 11 décembre.
Plus de 2500 enseignant·es, soignant·es ou encore employé·es administratif·ves ont crié leur colère le 11 novembre 2025 à Genève.

Slogans, percussions et sifflets ont résonné mardi soir dans les rues de Genève lors de la manifestation de la fonction publique. Point d’orgue d’une demi-journée de grève. Selon le canton, 1054 grévistes, le chiffre n’est pas définitif, s’étaient annoncé·es à 16h. Une heure plus tard, ils et elles étaient plus de 2500 – enseignant·es, soignant·es, personnel administratif, etc. – à crier leur colère.

Colère contre des conditions de travail qui se dégradent, dénoncent les manifestant·es, et contre la volonté du Conseil d’État de geler les mécanismes salariaux pour 2026 ainsi que les annuités durant les quatre prochaines années. Des décisions prises par le gouvernement à l’aune des prévisions budgétaires moroses. Le déficit prévu pour 2026, annoncé à un peu plus de 400 millions de francs, a été porté à 750 millions.

Pour Arthur, employé au sein du Service de protection de l’adulte, l’office est déjà surchargé et sous tension alors que la prestation est sensible. Il remarque qu’il est aujourd’hui difficile de garder le personnel. «Si les conditions salariales se péjorent, l’État n’arrivera plus à recruter et le travail ne pourra pas être fait.» Compte tenu du profil des usager·ères, il craint des drames.

Des besoins, mais pas de moyens

Non loin, Debora, jeune enseignante en Réseau d’enseignement prioritaire, raconte un quotidien fait de mesures visant à pallier «les lacunes de l’État. Mon budget n’est pas suffisant pour acheter du matériel, sans prêts de mes collègues, il n’y aurait pas de peinture dans ma classe par exemple». La jeune femme dit être tombée des nues en entrant dans le métier. «Les besoins d’appui pour certains élèves sont analysés et avérés. Mais ensuite on nous dit qu’il n’y a pas les budgets et l’aide n’est pas prodiguée.»

Florence, membre du personnel administratif et technique au cycle d’orientation, relève qu’alors que le nombre d’élèves a augmenté, les postes de conseiller·ères en orientation, infirmières ou encore psychologues n’ont pas suivi. «Les collègues enchaînent les heures supplémentaires, sans réussir pour autant à assurer la charge de travail.»

Mais il n’y a pas que des employé·es de la fonction publique qui avaient fait le déplacement. Ainsi Estelle, mère de deux élèves à l’école primaire, est venue pour montrer sa solidarité avec la fonction publique. «Ils font un travail remarquable. S’ils disent qu’il y a un problème, je leur fait confiance. Je sais qu’ils défendent le service à population.»

Mobiliser dans la durée

Après la démonstration publique, passée devant l’Hôtel de Ville, siège des pouvoirs exécutif et législatif, les manifestant·es se sont réuni·es au Palladium afin d’échanger et d’organiser la suite de la mobilisation. Les représentant·es syndicaux·ales ont indiqué que le projet de budget était étudié en commission, mais qu’il avait peu de chances d’être adopté en décembre. L’État fonctionnerait alors en douzièmes provisoires dès le 1er janvier. Pour la fonction publique, cela signifierait ni mécanismes salariaux ni nouveaux postes prévus dans le projet de budget. Le Conseil d’État aurait trois mois pour présenter un nouveau projet alors qu’il a promis un plan d’économies au printemps. Si les chances de peser sur le débat budgétaire semblent minces, Geneviève Preti, coprésidente du Cartel intersyndical, a appelé à «se mobiliser sur la durée», l’enjeu étant de peser sur le plan d’économies. «Il faut dire stop, vous n’irez pas plus loin.» Et de souligner que «depuis 1999, les baisses d’impôts successives font perdre à l’Etat 2 milliards par an. Nous n’avons pas un problème de charges».

Au final, le personnel a voté une nouvelle demi-journée de grève le 11 décembre, soit à l’ouverture du débat budgétaire au Grand Conseil.

Le Courrier, 11 novembre 2025, Maria Pineiro

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