La Suisse romande aura sa part dans les grands projets ferroviaires et routiers de la Confédération ces deux prochaines décennies. L’expertise Transports 2045 présentée jeudi prévoit de lui allouer un quart du portefeuille national, notamment dans le goulet lémanique. La Confédération prévoit d’allouer un quart de son budget transport à la Suisse romande d’ici 2045, selon l’expertise Transports 2045. Le doublement de la ligne Genève-Lausanne et le contournement autoroutier du Vengeron sont considérés comme des projets prioritaires pour la région lémanique. L’achèvement du tunnel de base du Lötschberg et la sécurisation du Simplon figurent parmi les investissements les plus urgents pour les infrastructures alpines. Douze projets structurants sont prévus en Romandie, dont sept hautement prioritaires, représentant environ 25% du portefeuille national de transports.
Le professeur Weidmann priorise projets routiers et ferroviaires / 19h30 / 2 min. / le 9 octobre 2025
Le rapport Weidmann, du nom du professeur de l’EPFZ Ulrich Weidmann, spécialiste des transports, a établi sur mandat de la Confédération une hiérarchie des projets ferroviaires et routiers, sur la base des nouvelles contraintes financières et du rejet populaire en 2024 de la dernière extension des autoroutes. L’objectif est de garantir la fluidité, la sécurité et la cohérence du réseau suisse face à la pression croissante de la demande et de la démographie.
En tête de liste des grands chantiers romands à prioriser aux yeux des experts figure la liaison ferroviaire Genève-Lausanne, devenue symbole de la saturation du réseau ouest-est. Le doublement complet de la ligne, incluant la gare souterraine de Cornavin et le nouveau tronçon Morges–Perroy, est considéré comme indispensable pour absorber la croissance du trafic dans le bassin lémanique.
S’y ajoute la modernisation du tronçon Denges–Morges (VD), point névralgique pour le trafic régional et national.
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Dizaines de milliards d’investissement
La contrainte financière traverse l’ensemble du document. Pour la période 2025–2045, l’étude retient un cadre de financement indicatif de 9 milliards de francs pour les routes nationales, 14 à 24 milliards pour le rail et 7,5 milliards pour les projets d’agglomération. Tous les projets de la plus haute priorité sont jugés finançables dans ce cadre, à condition de simplifier certains aménagements et d’en reporter d’autres au-delà de 2045.
Sur la route, le bypass (contournement) autoroutier du Vengeron à Coppet–Nyon (N1) est classé parmi les projets à plus forte utilité. Il vise à réduire les embouteillages chroniques à l’entrée de Genève et à améliorer la continuité du trafic vers Lausanne.
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Le contournement de La Chaux-de-Fonds, autre projet de longue date, est lui aussi jugé prioritaire: il doit permettre de délester le centre-ville tout en renforçant la sécurité du trafic de transit dans l’Arc jurassien.
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Pour les transports urbains, l’EPFZ recommande de poursuivre l’extension du tram genevois, notamment en direction de Bernex et de Ferney-Voltaire (F), ainsi que le développement du métro léger lausannois (m1). Ces projets doivent contribuer à réduire la part de la voiture dans les déplacements quotidiens.
Alpes et Valais en ligne de mire
Les infrastructures alpines occupent également une place centrale. L’achèvement intégral du tunnel de base du Lötschberg, avec double voie sur toute sa longueur, figure parmi les investissements les plus urgents. Il permettra de sécuriser la dorsale nord–sud du pays et de renforcer la résilience du trafic ferroviaire face aux interruptions sur le Gothard. La sécurisation du Simplon et de ses tronçons d’accès est également incluse dans le paquet hautement prioritaire.
En parallèle, plusieurs projets de délestage routier dans les vallées valaisannes sont prévus à plus long terme. Certains contournements avec tunnels ont toutefois été relégués à des niveaux de priorité inférieurs, leur coût étant jugé disproportionné par rapport à leur utilité réelle.
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Priorités à géométrie variable
Les projets dits de priorité 2 ou 3 concernent des aménagements nécessaires mais différables. C’est le cas des prolongements ferroviaires vers Oron-Vauderens (VD) ou de la densification des dessertes entre Fribourg et Berne. L’EPFZ préconise de réduire la taille et le coût de ces interventions afin de préserver la viabilité financière d’ensemble.
Le rapport part d’un constat largement partagé: la Suisse dispose d’un réseau performant, mais les goulets d’étranglement s’aggravent dans les grandes agglomérations et sur les principaux axes ferroviaires et autoroutiers.
La méthode appliquée repose sur une évaluation semi-quantitative des effets: gain de qualité de l’offre, stabilité d’exploitation, rentabilité, intégration territoriale et impact environnemental. L’objectif n’était pas de recalculer chaque projet, mais d’obtenir une hiérarchie cohérente à l’échelle nationale.
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Douze projets prioritaires en Romandie
Au total, la Suisse romande doit se voir proposer douze projets structurants: sept pour le rail et cinq pour la route, dont sept hautement prioritaires (horizon 2025-2045) et cinq prioritaires (post-2040). Ces projets représentent environ un quart du portefeuille national, confirmant le rôle stratégique de la région dans l’équilibre global du réseau de transport suisse.
En Suisse alémanique, les priorités se concentrent sur la région zurichoise et les grands axes de transit nord-sud et est-ouest. L’EPFZ place parmi les projets majeurs l’élargissement ferroviaire Zurich–Winterthour, la modernisation du nœud de Lucerne (gare de passage), le renforcement du réseau autour de Bâle pour le RER trinational ainsi que plusieurs adaptations de capacité entre Berne et Lausanne et sur l’axe Winterthour–Saint-Gall.
Sur la route figurent le tunnel du Rhin à Bâle, la galerie du Fäsenstaub à Schaffhouse et les compléments d’autoroute autour de Zurich et de l’Argovie.
Au Tessin, les priorités portent surtout sur la sécurisation et l’entretien du corridor du Gothard, l’intégration complète du tunnel de base du Ceneri et le renforcement de la connexion ferroviaire nord-sud vers l’Italie, avec quelques améliorations locales du réseau routier dans les vallées tessinoises.
ats/jfe, le 9 octobre 2025
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