CONTRE L’OFFENSIVE DE LA DROITE PARLEMENTAIRE
Depuis la large acceptation en votation populaire de l’initiative pour une 13e rente AVS le 3 mars 2024, la droite et le Conseil fédéral ne cessent de manifester une hargne revancharde et agressive. L’UDC et le PLR en particulier veulent oublier cette défaite cinglante (58% en faveur de la 13 e rente), qui s’est produite le même jour que le rejet encore plus massif de l’élévation de l’âge de la retraite que ces partis préconisaient (74% de NON).
Il a été décidé que la 13e rente serait versée pour la première fois en décembre 2026, soit le tout dernier délai prévu par le texte accepté par les votant-e-s. Les débats portent maintenant sur le financement et doivent être considérés en lien avec la prochaine révision qu’a annoncée le Conseil fédéral en mai dernier, AVS 2030. Cette dernière, si elle ne prévoit pas pour l’heure de relèvement de l’âge de la retraite, en prépare cependant le chemin de manière assumée.
Pour financer la 13e rente, le PS et Le Centre avaient trouvé un compromis au Conseil des États et proposaient un mix entre l’augmentation des cotisations salariales (ce qui a le mérite de faire payer les entreprises et les très hauts salaires) et de la TVA (une taxe antisociale pesant proportionnellement plus sur les petits revenus), en prévoyant même une solution en deux temps pour le cas où l’initiative du Centre demandant le déplafonnement des rentes de couples était acceptée.
POURRIR ET DÉTRUIRE. Cette proposition a été rejetée par l’UDC et le PLR au Conseil national. Ces forces – jouant la surenchère à la Trump au nom de la défense de l’industrie d’exportation contre les droits de douane imposés par Trump – proposent même de coupler augmentation de la TVA et relèvement de l’âge de la retraite au travers d’un mécanisme de «frein à l’endettement» permettant d’augmenter l’âge de la retraite et/ou la TVA de manière automatique si le fonds de l’AVS passe en dessous d’une limite définie. Évidemment, la logique étant d’éviter de financer la 13e rente afin de faire plonger l’AVS dans les déficits et ainsi d’augmenter l’âge de la retraite. Relevons que le projet AVS 2030 contient l’idée d’un tel mécanisme, qui doit être combattu sans ménagement.
Ces attaques provocatrices de l’UDC et du PLR ont mis la gauche parlementaire dans les cordes. Laquelle, pour éviter une absence de financement de la 13e rente, a voté pour une hausse de l’antisociale TVA de 0,7%. Parallèlement à ces menées, le Conseil national poursuit le traitement de la révision des rentes de veuves. Rappelé à l’ordre par la Cour européenne des droits de l’homme pour discrimination des veufs, le Conseil fédéral entend une nouvelle fois pratiquer l’égalité en nivelant les droits vers le bas. Il est donc question d’économiser sur le dos des veuves en supprimant des rentes de veuves en cours afin de financer l’initiative du Centre qui prévoit d’augmenter les rentes des couples mariés.
SILENCE SUR L’ESSENTIEL. Pendant que les esprits sont focalisés sur «les finances de l’AVS» – alors que nous parlons d’une assurance qui possède une fortune qui a augmenté de 11% en une année pour se situer à 55,4 milliards de francs au 31 décembre 2024, soit 108,8% de ses dépenses –, le problème de l’insuffisance du montant des retraites et des rentes AVS, y compris avec une 13e rente, est oublié. Il faut ainsi rappeler, d’une part, que le mandat constitutionnel de l’AVS de «garantir les besoins vitaux» n’est pas rempli avec des rentes moyennes de l’ordre de 1900 francs par mois, l’existence des prestations complémentaires en témoigne. Il est également nécessaire, d’autre part, de mener une campagne pour réorganiser le système de retraite en donnant plus de poids à l’AVS par rapport à un deuxième pilier en crise permanente depuis vingt ans. Une situation qui n’est pas près de changer vu la chute constante des taux de conversion et la décision de ne pas augmenter le taux d’intérêt minimum malgré les rendements largement supérieurs réalisés par les caisses. ◼
Services publics, 26 septembre 2025, Alexandre Martins, rédacteur
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