Uber redescend sur terre

L’État doit encore exiger qu’Uber verse à ses travailleurs et travailleuses des salaires rétroactifs.
La gig economy, économie des petits boulots payés à la tâche, est-elle un horizon désirable pour les travailleurs et travailleuses de l’ère numérique? Clairement, non. Car la chimère d’un auto-entrepreneuriat synonyme de liberté rime avant tout avec incertitude, stress et absence de couverture sociale. Auto-exploitation semble plus approprié pour décrire le modèle Uber, travail sur appel via une app.


Le canton de Genève en avait pris acte, en 2019, en sommant la multinationale californienne de se conformer à sa responsabilité d’employeur et de considérer ses chauffeurs comme des salarié·es, non comme des indépendant·es. Saisi d’un recours, le Tribunal fédéral a tranché en faveur des autorités genevoises. Depuis samedi minuit, plus un seul véhicule ne roule pour Uber.

C’est évidemment une excellente nouvelle du point de vue du droit des travailleurs et travailleuses vis-à-vis de cette économie numérique qui fait peser tous les risques sur les employé·es. L’Etat doit maintenant prendre ses responsabilités en exigeant d’Uber le paiement de ce qu’elle doit à ses employé·es – des millions de francs à verser rétroactivement, selon les calculs du syndicat Unia. Voire en soutenant les personnes concernées, si Uber devait décider de quitter le territoire. Un risque très hypothétique, car Genève reste un eldorado et le prix de la course en taxi traditionnel est trop élevé pour entrer dans les habitudes de la plupart des Genevois·es.

Par ailleurs, la décision du Tribunal fédéral devrait logiquement faire jurisprudence. Charge aux autres cantons de mettre à jour leur législation pour que les chauffeurs Uber – et pas seulement eux – obtiennent le même statut.

Le Courrier, 6 juin 2022, Roderic Mounir

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