2,6 milliards d’excédents pour l’AVS

L’AVS se porte comme un charme, la nouvelle est d’importance, mais n’a pas fait les gros titres. En 2021, les comptes de l’AVS ont bouclé sur un bénéfice de 2,6 milliards : un résultat qui met en pièces l’argumentaire des partisans de la contre-réforme AVS 21.

« Pour un avenir sûr, il faut remédier au déficit de l’AVS». C’est par ces mots que commence le communiqué de presse d’economiesuisse annonçant la mise en place d’une large alliance en faveur de la réforme AVS 21 (1).

DE L’INTOX! Or, n’en déplaise à la droite, au patronat et aux supporters d’AVS 21, il n’y a pas de déficit de l’AVS. Au contraire. Les finances se portent bien. D’après compenswiss, l’établissement chargé d’administrer les fonds de l’AVS, de l’AI et des APG: «L’AVS clôt l’exercice 2021 sur un résultat de répartition positif de 880 millions. Ce résultat confirme la hausse observée en 2020.» (2) Le résultat de répartition prend en compte uniquement les cotisations encaissées et les rentes versées, sans tenir compte des placements. Ce compte est positif depuis l’acceptation en votation populaire de la réforme fiscale et de l’AVS (RFFA). Votée en 2019, celle-ci a augmenté les cotisations à l’AVS de 0,3%. Cette modeste hausse a immédiatement eu un effet positif: en 2020, les comptes AVS ont enregistré un excédent de 570 millions. Ce résultat positif s’est confirmé en 2021. C’est donc un pur mensonge de prétendre qu’il faut remédier au déficit de l’AVS: ce déficit n’existe pas!

LOIN DE LA CATASTROPHE. Les finances de la principale assurance sociale du pays se portent encore mieux lorsqu’on observe le résultat des placements: 1652 millions de francs viennent s’ajouter aux 880 millions du fonds de répartition, pour un excédent total de près de 2,6 milliards. En 2021, la fortune de l’AVS frôle ainsi les 50 milliards. On est très loin des scénarios catastrophe que le Conseil fédéral et la droite essayent de nous faire avaler à chaque fois qu’ils envisagent de péjorer nos conditions de retraite. Pour rappel: en 2005, la 11e révision de l’AVS visait déjà à augmenter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Au cours du débat sur cette révision, l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) a prétendu que les réserves de l’AVS baisseraient jusqu’en 2010 et que le financement de nos retraites ne serait plus garanti après 2015… Bilan des courses: en 2022, nos retraites sont toujours garanties et la fortune de l’AVS a passé de 22,7 (en 2000) à 49,7 milliards de francs. On est loin de la catastrophe!

ARGUMENT BIDON. De 2005 à aujourd’hui, l’argument principal visant à justifier une augmentation de l’âge de la retraite des femmes reste le même: la baisse du nombre d’actifs-ves par rapport à celui des retraité-e-s et à l’espérance de vie – un rapport qui aurait dû ruiner les finances de l’AVS. Or cet argument n’est pas pertinent. D’abord, parce que les facteurs déterminants sont l’évolution de la masse salariale et de la productivité, qui croissent constamment en Suisse. Ensuite, parce que les personnes retraitées sont une ressource pour les jeunes générations. Chaque année, les grands-mères assurent 113 millions d’heures de garde des enfants, gratuitement. Elles financent de fait l’État, permettant ainsi à la jeune génération de parents, en particulier aux mères, de s’engager professionnellement – et de participer au financement de l’AVS par leurs cotisations.

NON À AVS 21! Les résultats publiés par compenswiss sont une raison supplémentaire de voter non à AVS 21. L’expérience des deux dernières années démontre qu’une modeste hausse des cotisations suffit à renforcer rapidement le financement de l’AVS. C’est la voie qu’il faut suivre. Non seulement pour éviter toute hausse de l’âge de la retraite, mais aussi pour exiger une réforme qui augmente les rentes – et cela bien au-delà de la 13e rente revendiquée par l’USS, un premier pas bénéfique mais insuffisant pour remplir le mandat fixé à l’AVS. Rappelons que la Constitution confie à l’AVS l’objectif de garantir les besoins vitaux des retraité-e-s. Or la rente minimale est aujourd’hui de 1195 francs par mois: il est impossible, en Suisse, de vivre avec un tel montant. Il faut donc augmenter les rentes, pas l’âge de la retraite! ◼

(1) www.economiesuisse.ch, 25 mars 2022.
(2) Communiqué de presse de compenswiss, 21 avril 2022.

Services publics, SSP, Michela Boloventa, Secrétaire entrale SSP

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