Postfinance privatisée, les clients trinqueront

Coup de tonnerre. Le Conseil fédéral a annoncé le 20 janvier, suite à la consultation sur le projet «Révision partielle de la loi sur l’organisation de la Poste», que PostFinance pourrait être à terme privatisé. Rappelons que l’entité est aujourd’hui société anonyme de droit privé, dont la majorité de contrôle est détenue par la Poste et donc indirectement par la Confédération.


Pour justifier sa position, le gouvernement a expliqué que la privatisation pour rait permettre à l’entité d’avoir accès au marché des crédits et des hypothèques, nettement plus rentables que les seules opérations d’intérêt.

Modèle économique à revoir

La proposition fédérale va aux devants des souhaits de la Poste et de PostFinance, qui déjà en juin 2020, souhaitaient pouvoir élargir leurs compétences. «La crise bancaire et financière de 2009 a fait fortement chuter le niveau des taux et s’est traduite par des taux négatifs. Du fait de ces deux événements, le modèle économique de PostFinance s’est érodé à vue d’œil. Des centaines de millions de francs de produits d’intérêts se sont volatilisés année après année. Rien qu’en 2019, PostFinance a enregistré une diminution de ses produits d’intérêts et de dividendes de 164 millions de francs. Cette situation est d’autant plus alarmante que ces bénéfices ne profitent pas à des actionnaires privés, mais au service public et servent en partie à financer les investissements de la Poste», relevaient les deux institutions dans un communiqué.

En ce qui concerne la privatisation de PostFinance, les deux directions s’avouaient aussi favorables à une ouverture à moyen terme de l’actionnariat de PostFinance et à une «privatisation partielle».

Service universel en péril

Rappelons pourtant que les banques cantonales peuvent octroyer des cré- dits et hypothèques, tout en bénéficiant pour la plupart d’une garantie de l’État via leurs cantons respectifs. La proposition fédérale est saluée par la droite. Et complètement rejetée par la gauche et les syndicats. «Si la Confédération, ou la Poste, devait totalement se retirer de PostFinance, le service universel devrait, pour le trafic des paiements, être garanti à travers l’octroi d’une concession», souligne ainsi l’Union syndicale suisse (USS). D’où la crainte que la rentabilité et la qualité de l’approvisionnement «en souffriraient énormément, et notamment aussi les conditions de travail du personnel de La Poste».

Discrimination

Pour Syndicom, les perspectives s’avéreraient particulièrement problématiques et inutilement coûteuses pour une clientèle jugée à faible rendement, qui plus est dans une période de profonde crise économique et sociale. «Les clients moins rentables doivent s’attendre à ce que de nombreuses prestations ne leur soient plus offertes ou uniquement contre des frais élevés. Or les banques n’acceptent plus tout le monde comme client.e.s déjà depuis long- temps. Elles envoient à PostFinance les personnes dont les perspectives de rendement sont faibles. Avec la suppression de l’obligation de service public de PostFinance, les frais risqueraient de prendre l’ascenseur».

Le syndicat s’annonce prêt à lancer un référendum. «Même si le Parlement donnait encore son aval, les perspectives de frais bancaires plus élevés et de prestations réduites inciteront les 2,4 millions de client.e.s de PostFinance, tout comme de la population suisse, à rejoindre le camp du non», prévient Syndicom.

Gauchebdo, 22 janvier 2021, Joel Depommier

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