Quatre «petites lignes» de bus aux soins intensifs

Des liaisons jugées non rentables risquent de perdre leur soutien fédéral. Une reprise par le Canton coûterait 635′000 francs. La ligne Ollon-Panex-Plambuit est l’une de celles qui pourraient perdre leur subvention fédérale, faute de rentabilité suffisante.

Des lignes de transports publics «rurales» sont jugées insuffisamment rentables dès lors qu’elles affichent un taux de couverture des coûts par la vente des billets inférieur à 10%. Pour les autres régions, le seuil à atteindre est de 20%. Berne pourrait les priver de son soutien financier. L’Office fédéral des transports (OFT) passe au crible 33 tronçons et prendra une décision en 2022. Quatre lignes de bus vaudoises sont concernées (voir l’encadré).

Si les autorités cantonales et communales souhaitent maintenir cette offre, il leur incombera d’accroître leur appui. Ou d’améliorer la rentabilité en collaboration avec les compagnies de transport. C’est ce qui ressort d’une enquête du «Tages-Anzeiger» qui a obtenu les chiffres économiques des 1422 lignes régionales suisses.

L’équilibre selon Berne

Pour la Confédération, c’est une question d’équilibre: «S’il n’y a pas assez de passagers, il faut voir si l’offre est justifiée. Financer des prestations qui n’ont pas de rentabilité ne serait pas compris par les contribuables», a déclaré Andreas Windlinger, porte-parole de l’OFT, à la RTS. Il faut d’abord examiner s’il est possible d’améliorer l’offre. Exemples: organiser davantage de liaisons aux heures de pointe, programmer moins de voyages le reste de la journée. L’OFT souligne que ces exigences, dont l’application est régulièrement examinée, ont été précisées en 2010 dans une directive.

La position des compagnies

Les critères de rentabilité et de service public s’affrontent, comme cela s’est déjà produit au sujet des «petits trains». CarPostal, qui exploite trois lignes vaudoises menacées, invoque la responsabilité des pouvoirs publics: «Souvent, les lignes ayant un faible taux de rentabilité se situent dans des zones où il n’y a pas beaucoup de passagers mais que les Cantons veulent toutefois desservir. Pour améliorer le taux de rentabilité, nous sommes en étroit contact avec le Canton de Vaud.»

Les Transports publics du Chablais (TPC) savaient déjà que l’avenir de leur ligne Bex-Monthey (VS) n’était pas assuré. «Nous discutons avec les deux Cantons et les Communes touchées pour trouver d’autres variantes», affirme Christelle Piguet, responsable de la communication.

L’engagement du Canton

«Il est essentiel pour le Canton d’assurer une desserte en transports publics sur l’ensemble du territoire vaudois», indique la Direction générale de la mobilité et des routes. Qui livre un diagnostic des «petites lignes de bus» en cause: «Elles sont sensibles plus que les autres aux variations de fréquentation de voyageurs, notamment celle des utilisateurs réguliers tels que les élèves.» Mais il est encore trop tôt pour décrire leur avenir avec certitude: «Elles font ou feront l’objet d’études d’optimisation, par exemple une refonte des horaires et/ou un tracé de ligne alternatif, le but étant d’offrir un service horaire en relation avec les besoins des voyageurs et répondant au plus proche aux critères de financement.»

Le coût supplémentaire

Le Canton a évalué le coût d’une reprise de la part assumée actuellement par la Confédération, si les quatre lignes dont le taux de rentabilité est inférieur à 10% continuaient à fonctionner de manière identique: 635000 francs sur la base des données de 2019. L’État veut toutefois tout faire «pour améliorer le taux de couverture de ces lignes».

Service public en question

Cette situation relance le débat sur le service public. L’Association transports et environnement (ATE) monte au front: «Les transports publics sont un service public; leur objectif premier ne doit pas être la rentabilité absolue et à tout prix. Nous nous opposons de manière très ferme à toute réduction d’une cadence non justifiée par une nouvelle alternative de transports publics ou de mobilité douce», lance Romain Pilloud, secrétaire général de l’ATE Vaud.

Selon lui, augmenter les fréquences sur l’axe Genève-Valais n’a de sens «que si les périphéries sont bien reliées au centre». Soutenir les petites lignes a certes un coût, relève-t-il, mais il est compensé par la réduction de l’impact, climatique entre autres, du trafic automobile.

24 Heures, 19.02.2020, Philippe Maspoli

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