CarPostal règle son litige en France

CarPostal France va dédommager ses concurrents à hauteur de 6,2 millions de francs. En Suisse, nouvelle démission à la tête de La Poste, celle de Susanne Blank, représentante du personnel.

Les avocats des trois entreprises de transport iseranes Cars Faure, Cars Berthelet et Réunir Dauphiné et celui de CarPostal avaient rendez-vous ce mercredi matin à 9h à la Cour d’appel du Tribunal de grande instance de Paris. Ils devaient être auditionnés dans le cadre du recours déposé par CarPostal France après sa condamnation, prononcée à fin 2016 par le Tribunal de commerce de Lyon, à verser aux trois sociétés plaignantes une somme de 10,6 millions d’euros (12 millions de francs). Elles avaient accusé CarPostal de s’être développé en France grâce à des subventions illicites de sa maison mère.

Il n’en sera rien. Mardi, La Poste Suisse a annoncé que, à la veille de cette audience judiciaire, un accord transactionnel avait été signé avec les trois plaignants. Les parties se sont entendues sur une «indemnité transactionnelle» de 6,2 millions d’euros (7,1 millions de francs). CarPostal versera cette somme à ses trois concurrents pour solde de tout compte. «Le contentieux est ainsi réglé une fois pour toutes», résume la porte-parole de La Poste, Nathalie Dérobert.

Retrait de France toujours envisagé

Le communiqué indique que les parties en litige peuvent «se concentrer désormais sur leur activité professionnelle dans un climat apaisé». Pour CarPostal France, rien n’est moins sûr. Nathalie Dérobert confirme en effet les propos tenus par le président du conseil d’administration, Urs Schwaller, voici quinze jours: La Poste Suisse compte se débarrasser de sa filiale française. Elle «examine» un retrait programmé de l’activité de transport de voyageurs en France. Deux options semblent tenir la corde: une vente de l’entreprise ou une cession différenciée des entités concessionnaires. «Mais aucune décision n’a encore été prise», nuance la porte-parole du groupe jaune.

CarPostal a entamé son essor en France en 2004. La filiale française gère actuellement huit réseaux urbains (dont Mâcon, Bourg-en-Bresse et Menton) et exploite des lignes interurbaines ou scolaires dans cinq départements: Jura, Loire, Saône-et-Loire, Isère et Hérault. Elle emploie plus de 1100 collaborateurs, dispose d’un parc de 720 véhicules et annonce un chiffre d’affaires de 92,7 millions d’euros.

Démission au conseil d’administration

Il y a aussi du changement au conseil d’administration de La Poste, qui tenait son assemblée générale mardi. Après le vice-président Adriano Vassalli, la représentante du personnel Susanne Blank a annoncé qu’elle jetait l’éponge. Comme celui d’Adriano Vassalli, son nom figure sur la liste des destinataires d’une note interne datée du 21 août 2013. Rédigé par la responsable de la révision interne, ce document rappelle l’interdiction donnée à CarPostal de faire du bénéfice et mentionne des transferts comptables réalisés sur le dos du transport de voyageurs subventionné.

Or, aussi bien Susanne Blank qu’Adriano Vassalli affirment que cette information interne ne leur est jamais parvenue. La représentante du personnel a néanmoins décidé de se retirer «volontairement» du conseil d’administration de La Poste avec la volonté de «mettre fin aux fausses spéculations» portant sur sa personne et de «permettre à La Poste de prendre un nouveau départ».

Membre du conseil depuis 2008, Susanne Blank, 46 ans, rédactrice en chef de La Vie économique publiée par le Secrétariat d’État à l’économie, regrette de ne pas avoir été entendue avant la publication du rapport des experts Kellerhals Carrard, mandatés par Urs Schwaller. «En raison d’une procédure pénale administrative en cours et sur ordre de Fedpol, aucune audition n’a pu être menée. De cette façon, les fausses hypothèses du rapport d’enquête du bureau d’avocats Kellerhals Carrard n’ont pas pu être corrigées», déplore-t-elle, ajoutant qu’elle s’estime victime de l’acharnement de la droite, qui aurait «exigé la démission de la représentante du personnel».

«Je n’ai aucunement failli à mon devoir en lien avec les irrégularités relevées dans la pratique de subventionnement au sein de CarPostal et, en particulier, je n’ai jamais reçu la note du 21 août 2013, ni par courrier ni par mail», fait-elle savoir via un communiqué du syndicat Transfair. Elle affirme n’avoir pris connaissance de l’existence de ce document qu’en février 2018, lorsque Blick l’a publié.

Le Temps, Bernard Wuthrich, 26 juin 2018

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