L’argent gouverne le monde. Mais qui gouverne l’argent ?

Le peuple décidera le 10 juin s’il accepte l’initiative Monnaie pleine. Or la majorité de la population ignore l’une des causes principales de la crise financière : la production autonome de monnaie électronique par les banques privées.

L’initiative Monnaie pleine pose une question centrale pour notre pays : qui a le droit de créer nos francs suisses ? De se voir attribuer ce privilège et ce pouvoir, dont le corollaire est aussi la responsabilité sociale ? « Battre monnaie » est une fonction régalienne de l’État ; c’est une tâche qu’il ne doit pas ou ne peut pas déléguer à des sociétés privées. Or la Suisse a décidé, en 1891, de réserver à la Banque nationale suisse (BNS), notre banque centrale, le droit exclusif d’imprimer les billets de banque, droit inscrit dans la Constitution. Depuis lors, la BNS imprime nos billets et fabrique nos pièces de monnaie, et prête aux banques, qui lui paient des intérêts ; les bénéfices ainsi obtenus (1 à 2,5 milliards/an) sont reversés par la BNS dans les caisses publiques (Confédération, cantons, communes, citoyens). Cette monnaie, issue de la banque centrale, garantie par l’État, est appelée monnaie centrale, ou MONNAIE PLEINE. C’est l’argent liquide.

Où le numérique introduit un vers dans l’ordinateur
Or, monnaie papier et pièces de métal ne représentent plus aujourd’hui que 10% de l’argent. Le 90% restant est tout simplement la monnaie électronique de nos comptes en banque, sur lesquels nos avoirs et dettes sont inscrits ! On l’appelle monnaie scripturale.

Qui crée cet argent ? Les banques ! Elles n’utilisent pas l’argent déposé par les épargnants, mais font une simple écriture comptable, lorsqu’elles octroient des crédits ou achètent des placements financiers, avec de l’argent qui n’existait pas auparavant ! Le même système de création monétaire par les banques existe dans le monde entier ou presque.

Sur cet argent, elles encaissent même des intérêts ! Pour gérer l’argent de leurs clients et acheter ce qu’elles veulent, elles ont le droit de se passer d’intermédiaires - avantage dont ne bénéficie pas le reste de l’économie. Enfin, quand elles ont créé trop d’argent, asphyxiant notre économie, et que leur spéculation les mène au bord du gouffre, on l’a vu en 2008, les Etats sont obligés de les sauver, comme l’a fait la Confédération pour UBS en 2008. (cf. Too big to fail).

Création monétaire par les banques, inconvénients
La création monétaire est donc aujourd’hui aux mains d’institutions bancaires privées qui font courir à l’économie et à nos comptes courants des risques (bulles financières) qui doivent être supportés par l’État, et donc la collectivité.

Autre inconvénient de la création monétaire par les banques : qui crée la monnaie décide des projets qui seront financés. Or les grandes banques comme UBS ou Crédit suisse (CS) sont de plus en plus aux mains d’actionnaires étrangers. Pour s’enrichir encore davantage, elles décident elles-mêmes où vont les fonds qu’elles créent. 50% de cet argent est généré par UBS et CS, dont 60 à 80% appartiennent à des investisseurs étrangers. En conséquence, la Suisse n’est plus en mesure de mener une politique monétaire souveraine.

Cette érosion de la souveraineté de la BNS a des conséquences pour notre économie et notre paysage commercial, en grande partie façonnés par des PME. La BNS n’ayant que peu d’influence sur la politique monétaire, un problème se pose aux PME et aux ménages privés : même s’il y a de plus en plus d’argent disponible, ils n’ont qu’un accès limité aux prêts nécessaires à l’investissement et à l’innovation. En effet, les banques canalisent 80% de l’argent qu’elles créent directement sur le marché financier et non dans l’économie réelle !

Enfin, la diminution de notre souveraineté mène aussi à une restriction de notre capacité d’action politique et sociale. Tous les secteurs de notre vie quotidienne sont soumis au marché financier. Pourquoi l’Association suisse des banquiers et economiesuisse s’opposent-elles au projet avec tant de véhémence ?

Pour une économie à l’abri des crises
Comme la monnaie pleine, la monnaie scripturale doit être pleinement couverte par la BNS, mais il importe aujourd’hui d’étendre le monopole des billets de la BNS à l’argent électronique en l’inscrivant dans la Constitution fédérale. C’est pourquoi l’initiative Monnaie pleine propose une modification de la Constitution, à savoir une correction constituant un retour vers un système stable : la monnaie scripturale électronique doit aussi être inscrite dans la Constitution et notre argent électronique ne doit être créé que par la Banque nationale.

Position de l’association ACIDUS
Pour ACIDUS, soucieuse de la défense des services publics, la création monétaire doit être réservée à la seule BNS. C’est pourquoi l’association soutient l’initiative Monnaie pleine et vous invite vivement à faire de même.

Pour Acidus,
Association citoyenne pour la défense des usagers du service public,
Nicole Matthey Kalogiannidis

Lien de la vidéo explicative du POP

Lien de l’interview de Denis de la Reussille

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