EMS : la sous-traitance divise les faîtières

Alors que le front contre l’externalisation des deux EMS s’élargit, l’une des faîtières de la branche, l’AGEMS, n’est pas opposée à cette idée. La sous-traitance divise les faîtières. La résistance contre l’externalisation du secteur hôtelier s’élargit.

Jeudi, trois établissements médico-sociaux ont débrayé pour montrer leur soutien aux employés des EMS de Notre-Dame et Plantamour, en conflit depuis plus de deux semaines avec leur hiérarchie. Deux jours auparavant, les directions de onze résidences ont écrit une lettre ouverte à Mauro Poggia, chef du Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé (DEAS), pour lui signifier leur désaccord avec cette politique de sous-traitance.

Alors que les fronts se dessinent, les deux faîtières de la branche présentent des avis divergents sur l’externalisation du secteur socio-hôtelier en contact direct avec les résidants. La Fédération genevoise des établissements médico-sociaux (FEGEMS) y est opposée, contrairement à l’Association genevoise des établissements médico-sociaux (AGEMS).

Un accompagnement personnalisé

Pour une bonne partie du personnel hôtelier, l’externalisation sera synonyme de baisse de qualité. «Nous côtoyons quotidiennement les résidants, explique Stéphanie, employée à l’EMS des Bruyères. Nous collaborons avec le personnel soignant à qui nous faisons remonter les informations.» Soignants, animateurs, employés administratifs: tous se mobilisent et prévoient d’autres actions.

Dans leur lettre ouverte, les directeurs de onze établissements interpellent le DEAS: «le personnel socio-hôtelier contribue grandement au projet de vie du résidant en assurant une écoute et un accompagnement personnalisé.» La FEGEMS est aussi opposée à l’externalisation du secteur. «En proposant des formations, nous travaillons à valoriser ces services, tout en minimisant les risques de négligence et de maltraitance», explique Nicolas Walder, président du comité et conseiller administratif vert à la commune de Carouge. Directeur de quatre établissements et signataire de la lettre ouverte au DEAS, Jean-Marie Carron abonde: «il est essentiel de gérer, à l’interne, tout ce qui touche à l’accompagnement direct des résidants.»

L’AGEMS, elle, se veut plus rassurante. Sur la crise qui agite Notre-Dame et Plantamour, le secrétaire général de la faîtière se dit compréhensif. «Nous n’encourageons pas forcément l’externalisation, mais face à l’augmentation des charges, ce peut être un moyen d’économie», explique Jean-Marc Guinchard, également député PDC au Grand Conseil. Il réfute par ailleurs une baisse de qualité: «la coordination avec les équipes de soin est essentielle. Il n’y a pas de problème, dès lors que les personnes en charge seront les mêmes.»

Adalia, entreprise privée de sous-traitance, a apporté des garanties sur ce point. Si elle semble vouloir assurer la qualité de la prise en charge, d’autres problèmes se posent. Adalia fait partie de la fondation du Bout-du-Monde et celle-ci chapeaute également l’EMS de Val Fleuri, membre de l’AGEMS. D’aucuns pourraient y voir des conflits d’intérêts. Pour Jean-Marc Guinchard, au contraire, c’est un avantage: «Adalia connaît le domaine. Elle est très fiable.»

Pas de compensation des annuités

Les deux faîtières sont néanmoins d’accord sur un problème: les subventions allouées par l’Etat ne compensent que partiellement les annuités du personnel socio-hôtelier. «Les EMS doivent maintenir les prix pour les pensionnaires malgré une hausse de la masse salariale, explique Jean-Marc Guinchard. L’externalisation permettra des économies à long terme.» Jean-Marie Carron critique le Conseil d’Etat: «nous signerons bientôt les contrats de prestation allant jusqu’en 2021. Nous pensions obtenir le financement intégral des mécanismes salariaux que nous impose la loi, mais il ne sera que partiel.»

Pour Nicolas Walder, président de la FEGEMS, le constat est le même, mais il craint que la situation ne s’aggrave avec la sous-traitance. «Les subventions prennent en compte notre CCT. Or, en cas de sous-traitance, les salaires, plus bas, risquent d’entraîner des diminutions des aides pour tous les établissements. Y compris ceux qui n’ont pas externalisé leur personnel hôtelier.»

Le Courrier, 10 novembre 2017

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