Pas de privatisation du nettoyage !

L’école regrette son concierge. A Chêne-Bougeries, le Conseil administratif aimerait récupérer le logement du concierge pour le transformer en nouveaux locaux. La conciergerie de l’école de Chêne-Bougeries est externalisée à une société de nettoyage. Un essai pour un an. Incompréhension du DIP, de l’école, des parents et de la gauche municipale.

L’école primaire de Chêne-Bougeries n’a plus de concierge dans ses murs, depuis le départ à la retraite, en mai passé, de l’employé communal qui occupait ce poste depuis de longues années. Le Conseil administratif a décidé de sous-traiter l’entretien du bâtiment à une entreprise de nettoyage. Un bilan sera dressé après un an, qui permettra de prendre une décision définitive, précise Jean Locher, le magistrat PLR chargé du dossier.

Cette décision heurte le corps enseignant de l’école, sa direction ainsi que l’association des parents d’élèves. Dans un document que nous nous sommes procuré, nous découvrons que ceux-ci disent avoir appris la nouvelle de façon indirecte et n’avoir pas été consultés. Ils regrettent la décision, car la fonction ne se résume pas à l’entretien des locaux. Le concierge est une personne de référence, de contact, qui fait le lien avec les élèves, les parents, le parascolaire.

Un rôle important

Le Département de l’instruction publique (DIP) a refusé que nous ayons un entretien avec Caroline Desjacques-Privato, qui dirige les quatre écoles de la commune. Par écrit, le responsable presse du DIP confirme que les équipes sur le terrain ne sont pas favorables à une telle sous-traitance, ajoutant que la direction du département y est elle aussi opposée. «L’expérience démontre que les concierges jouent un rôle important dans la vie d’une école.»

Si l’exécutif avait consulté les acteurs sur le terrain, ceux-ci lui auraient par exemple expliqué que le concierge offre «une présence rassurante et dissuasive, visible sur temps scolaire et périscolaire et au contact du public, le concierge étant une sorte de gardien des lieux qui connaît les usagers, veille au bon fonctionnement et au respect des règles du bâtiment». Le DIP regrette l’absence d’une personne ressource en cas d’imprévus, d’urgences qui ne peuvent être gérées par le personnel enseignant, par exemple des vomissements, des problèmes techniques, etc.

Le Conseil municipal pas entendu

L’exécutif n’a pas non plus tenu compte de l’opposition formulée par le Conseil municipal. En avril, il avait adopté une motion demandant que les écoles de la commune conservent toutes un poste fixe de conciergerie. Les Verts et l’Alternative, minoritaires, avaient fait adopter leur texte à une voix près, formulant en substance les mêmes craintes que l’école.

«J’enseigne dans un collège sans concierge, je constate que la propreté n’est pas au rendez-vous avec des sous-traitants», ajoute Marion Sobanek, conseillère municipale de l’Alternative (socialiste). Elle souligne «l’irrespect» de l’exécutif à majorité PLR par rapport à la volonté du délibératif.

Président des Verts de la commune, Anthony Bauduccio déplore le dumping salarial et sur les conditions de travail. Il relève toutefois qu’une motion n’est pas contraignante et que c’est pour cela qu’elle est passée au Conseil municipal. Reste que «l’essai est évidemment fait pour durer», croit-il savoir. «C’est un compromis, une solution modérée», nuance Catherine Armand (L’Alternative, Parti radical de gauche).

Agrandir l’école

«Ce n’est pas un projet pilote, dans le sens que nous n’avons pas la volonté de l’étendre aux autres écoles», précise Jean Locher. Et de contre-attaquer: «Le Conseil municipal sort de son rôle en empiétant sur une prérogative qui appartient au Conseil administratif.» Laquelle n’est pas non plus du ressort du DIP, dit-il. «L’école va être agrandie pour accueillir de nombreux nouveaux élèves, nous en sommes à un avant-projet. Avec le logement du concierge, nous avons des locaux supplémentaires.»

Jean Locher affirme que la situation ne va pas changer: contractuellement, il n’est pas prévu un tournus de nettoyeurs, «il y aura une personne de référence. Elle effectuera les divers travaux, comme cela était le cas jusque-là, et fera appel aux techniciens de la commune pour le reste, comme actuellement.» Vivre sur place peut être un avantage si le concierge se montre très disponible, reconnaît l’édile. «Mais certains s’investissent davantage que d’autres, et aujourd’hui on ne peut exiger d’un employé qu’il soit disponible 24h/24.»

Par ailleurs, M. Locher entend bien que la propreté soit au rendez-vous: «C’est insulter les employés des entreprises de nettoyage que de prétendre qu’ils font mal leur travail.» Enfin, la commune «fera quelques économies au vu des nombreuses annuités du concierge précédent, mais ce n’est pas le but.» M. Locher, pour des raisons de confidentialité, ne dit pas combien serait payé un nouveau concierge par rapport au nettoyeur dépêché par l’entreprise.

Le Courrier, 24 août 2017, Rachad Armanios

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