Pour les organisateurs, cette manifestation a été un succès et un signal clair contre les attaques du système de retraite qui se préparent au parlement.
Des manifestants de toute la Suisse ont défilé samedi à Berne contre la baisse des rentes et le renforcement de l’AVS.

Ils sont venus de toute la Suisse. Retraités, travailleurs, jeunes, ou encore dans leur poussette, toutes les générations étaient présentes samedi à Berne à l’appel de l’Alliance pour une AVS forte. Vingt mille personnes auraient répondu présent à cette grande manifestation nationale en faveur de l’initiative AVS+ selon les organisateurs, quelques milliers selon l’ATS.

Pour l’occasion, des bus et des trains ont été affrétés depuis les quatre coins de la Suisse. À bord, une ambiance bon enfant rythmée au son des sifflets, mégaphones et autres tambours. On aura même entendu l’Internationale dans les haut-parleurs du train pour chauffer la foule. Après plusieurs heures de trajet, c’est sous une chaleur écrasante que tous les militants se sont réunis sur la Schützenmatte. Syndicats du public et du privé, associations de retraités, partis de gauche: tout le monde était présent.

«64 ans, c’est déjà bien assez!»

Pour Sylvia, militante au SSP de Lausanne, venir manifester était une évidence. «Tous les acquis sociaux dont on profite aujourd’hui ont été obtenus grâce aux dures mobilisations du passé. Aujourd’hui, à l’heure où ces acquis sont menacés, c’est la moindre des choses de nous mobiliser à notre tour pour les conserver.»

À 14h. Départ du cortège. Remontées, les femmes scandent: «64 ans, c’est déjà bien assez! Non, non, non, au paquet Berset!» Pour rappel, l’initiative AVS+, qui vise à augmenter les rentes de l’AVS de 10% par un financement paritaire, est née pour contrer le projet Prévoyance vieillesse 2020, qui propose d’augmenter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. «Il faut pouvoir assurer une retraite digne aux générations futures, s’indigne un couple de jeunes retraités romands. Avoir recours aux aides sociales pour s’en sortir n’est pas normal!»

Pas de détour par la Place fédérale

Fortement représentés dans le cortège, les travailleurs de la construction ont également exprimé leur colère et refusent de tirer un trait sur leur retraite anticipée à 60 ans. «Dans nos métiers, c’est déjà compliqué d’arriver aux 60 ans, on ne veut pas rempiler jusqu’à 62 ans si l’âge de la retraite devait être repoussé à 67 ans», s’exprime Joaquim.

Le défilé passe par la vieille-ville de Berne. Les manifestants, parfois jamais venus à la capitale, s’arrêtent pour prendre quelques photos. Ou se rafraîchir auprès d’une fontaine. À l’étonnement général, la manifestation ne passera pas par la Place fédérale. Les rumeurs disent qu’une autre manifestation y était programmée, et/ou qu’il n’y avait pas assez de place… C’est ainsi que le cortège s’est terminé derrière la Fosse aux ours, à l’abri des regards.

Un signal clair

Ceci dit, pour les organisateurs, cette manifestation a été un succès et signal clair contre les attaques du système de retraite qui se préparent au parlement. «L’AVS est notre plus belle œuvre de solidarité sociale, a conclu Aldo Ferrari, membre du comité directeur d’Unia. Les cotisations n’ont pas été augmentées depuis quarante ans et on veut nous faire croire qu’une hausse de 0,8% mènerait notre pays à sa perte. Les retraités ont payé et travaillé dur toute leur vie pour toucher une rente qui ne leur permet plus de vivre dignement. AVS+ est la seule garantie pour tous de voir nos rentes augmenter.»

Le Courrier, 12 septembre 2016, Manon Todesco