Plus de trois mille fonctionnaires dans la rue à Genève, enseignants en tête

GRÈVE • Les grévistes ont défilé en masse hier dans les rues de la ville. Particulièrement en vue, les enseignants ont exprimé leurs craintes face aux menaces qui pèsent sur la profession.La couleur était déjà annoncée à 16h, au moment où le Cartel intersyndical a convoqué une réunion du personnel de l’Etat à la salle du Faubourg, à Saint-Gervais: bouchons à l’entrée d’une salle pleine à craquer, grévistes devant patiemment attendre dehors. A l’intérieur, une écrasante majorité d’enseignants, épaulés par les policiers, des collaborateurs de l’Office médico-pédagogique, quelques personnes de l’administration, des employés de la Voirie, des Hôpitaux universitaires, de Clair Bois, de la Société genevoise pour l’intégration professionnelle d’adolescents et d’adultes ou encore des Transports publics genevois.

Puis un cortège se forme dans le parc Saint-Jean à 17h avant de se mettre en branle en direction de l’Hospice général, au rond-point de Rive. Plus de trois mille personnes ont défilé pour manifester leur refus des coupes linéaires dans la fonction publique, du projet de refonte salariale SCORE et de toute autre attaque contre la fonction publique.

Crainte des licenciements
Comme attendu, de toute la fonction publique, ce sont les enseignants qui sont les plus nombreux. Laurent Vité, président de la Société pédagogique genevoise, a annoncé que la grève a été suivie à 72% au primaire et à 70% au cycle d’orientation. Des chiffres qui détonnent avec les 30% à 35% enregistrés lors des précédents exercices du genre. Deux écoles de commerce sur trois se sont arrêtées et des enseignants du collège se sont mobilisés. Autre fait inédit: la présence des directrices et directeurs d’établissement. «Il faut se mobiliser, j’ai même motivé les enseignants de mon école à se déclarer grévistes», lâche une directrice.
L’explication d’une telle mobilisation au niveau de l’enseignement obligatoire réside notamment dans la crainte de licenciements des personnes en poste. «Je ne suis pas un syndicaliste dans l’âme, mais cette fois, les menaces à l’égard du primaire vont trop loin. La peur est là, nous ne savons pas qui sera licencié», témoigne un professeur faisant référence aux 14 millions de francs d’économies prévus au niveau du personnel de l’Etat et qui pourraient être avalisés par le Grand Conseil genevois jeudi (lire également ici). Une enseignante souligne également son incompréhension: «Si la mesure des 14 millions est bel et bien dirigée contre le primaire, je n’y comprends plus rien! On nous a imposé le mercredi matin et maintenant, on veut nous supprimer les moyens qui nous permettent de l’assumer.»

Et la suite?
La peur du licenciement fait aussi trembler les futurs enseignants du primaire qui pourraient voir leurs perspectives professionnelles entravées par les coupes voulues dans le cadre du projet de budget 2015. M. Vité l’a d’ailleurs rappelé en assemblée: «Les étudiants de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FAPSE) sont en souci pour leur engagement l’année prochaine.» Une enseignante de la FAPSE confirme que l’ambiance en cours est plutôt «morose» ces derniers temps. «Et comme si les signaux n’étaient pas déjà assez mauvais, l’acceptation de la motion qui veut faire passer la formation des profs du primaire de quatre à trois ans laisse présager une baisse de la qualité d’un enseignement pourtant capital pour nos jeunes. Le primaire, c’est le début de leur parcours!»
Le Cartel, les associations et syndicats qu’il regroupe, ainsi que le SSP ont aussi pris la parole à plusieurs reprises pour signaler que le Conseil d’Etat ne pouvait plus tirer sur la corde des services publics. «Ce n’est que le début, il y aura d’autres échéances auxquelles il faudra répondre présent», avertit Davide de Filippo, secrétaire syndical au SIT, faisant notamment référence à SCORE. Marco Spagnoli, président du SSP, souligne aussi la nécessité d’une lutte sur la durée. Mais pourtant, le vote décisif est dans deux jours, non? M. Flury, président du Cartel, rétorque que le Grand Conseil est une «girouette imprévisible, alors autant se projeter au mois de janvier et durcir la lutte». Comment? «Nous avons lancé un préavis de grève pour janvier. Le 17 janvier se tiendront des stands d’information à la population». Le secondaire II procédera à la rétention des notes également en janvier. En outre, M. Vité annonce que les enseignants se donneront rendez-vous ce jeudi à 16h30 devant l’Hôtel de Ville pour signifier leur mécontentement face aux velléités des députés de couper dans l’enseignement.

Le Courrier, Florian Erard, 17.12.2014

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