Andreas Meyer: «Nous ne sommes pas en crise»

Malgré le bilan 2012 qui affiche un recul du nombre de voyageurs et une hausse des incivilités, le patron se veut optimiste…

Alors que les CFF ont connu un début d’année plutôt chaotique, le patron Andreas Meyer se veut positif.
«Un bon résultat». Voilà le résumé fait par les CFF de leur année 2012. Il trône en bonne place dans leur rapport d’activité, devant les chiffres et les photos de gens heureux qui illustrent le document. Vision paradisiaque, vraiment? Le directeur général, Andreas Meyer, répond aux critiques.

Avec des voyageurs en baisse et des collisions en hausse en 2012, comment pouvez-vous parler d’un bon résultat?

La satisfaction de notre clientèle ainsi que la ponctualité sont des indicateurs qui ont évolué de manière positive. Et je peux vous assurer que nous prenons la sécurité très au sérieux: c’est notre première priorité. Selon notre analyse actuelle, toutefois, il n’y a pas de fil rouge entre tous les événements extraordinaires que nous avons vécu depuis le début de l’année.

Où étiez-vous lors de cette série noire, comme lorsque les CFF se sont excusés?

Nous ne sommes pas en crise. Pour cette raison, nous avons décidé que les chefs des secteurs Infrastructure et de Sécurité allaient s’expliquer et que je parlerais des événements lors du bilan annuel. Si nous avions traversé une vraie crise, j’aurais naturellement été présent lors de la conférence de presse du début d’année. Mais ce jour-là, et après analyse des incidents, nous avons certes estimé qu’il s’agissait d’incidents à prendre au sérieux, mais aux causes diverses. Et le directeur général se déplace en cas de crise.

L’offre doit encore se développer ces prochaines années sur un réseau en surchauffe. Est-ce vraiment le bon moment?

Naturellement, il y a une croissance dans le domaine des passagers business et des pendulaires. Nous avons aussi des goulets d’étranglement bien connus, par exemple entre Lausanne et Genève. Si nous ne prenons pas l’initiative maintenant d’agrandir le réseau et de développer des gares, comme celles de Lausanne et Genève, alors nous n’aurons pas la capacité d’introduire de nouveaux trains ou de pouvoir mener le projet CEVA à Genève par exemple.

Justement, la gare de Genève est un des points noirs. Vous avez de bons espoirs que le projet se développe?

Vous aimez les points noirs! Moi, je n’en vois pas. Nous avons le défi de prendre les décisions le plus vite possible pour pouvoir planifier et réaliser l’extension du réseau. A Genève, je suis optimiste, car tout le monde – Rémi Pagani pour la ville et Michelle Künzler pour le canton – a très bien compris que le temps presse maintenant. Autrement, nos usagers le sentiront avec une offre insatisfaisante dès 2025.

Les Vert’libéraux ont l’idée de vous retirer la gestion du réseau ferroviaire…

Un des grands avantages en Suisse, c’est que les CFF sont une entreprise intégrée. Si nous n’avions pas d’entreprise intégrée, nous n’aurions jamais une telle utilisation du réseau. Nous n’aurions pas la possibilité d’influencer des domaines comme la ponctualité ou la sécurité. Vous iriez d’une entreprise à l’autre sans que les responsabilités soient claires pour l’offre globale. Pour tous les clients, pour toutes les instances politiques, il est beaucoup plus confortable de parler avec un seul interlocuteur, à savoir les CFF. Naturellement, c’est un défi pour nous! Parce que les responsables, par exemple pour l’entretien des routes, ne sont pas aussi facilement identifiables que nous le sommes pour le rail!

La ponctualité s’est en effet améliorée. Pourtant, les usagers se plaignent. Vous êtes condamnés à déplaire?

Naturellement, nous avons toujours des défis aussi dans ce domaine. La tendance générale montre une satisfaction plus grande de la clientèle avec la ponctualité, les correspondances, l’information en cas d’interruption des opérations. Mais il y a aussi toujours des exemples contraires. Avec 9000 trains qui circulent au quotidien sur nos voies, nous ne pouvons jamais être sûrs qu’aucune locomotive ne tombe en panne. Et, le cas échéant, nous devons évacuer nos clients et trouver des solutions alternatives. Il y a toujours des choses à améliorer dans une telle entreprise qui compte 29 240 employés et circule dans toutes les parties du pays.

Et la sécurité dans les trains. Elle s’est encore dégradée l’an dernier. Que faire?

L’insécurité – et les développements de ces dernières années le démontrent – ne s’arrête pas aux portes de nos gares. Nous sommes confrontés aux mêmes problématiques que les villes. Nous réagissons en augmentant les effectifs de la police des transports, avec la généralisation des caméras de surveillance dans nos trains et en accentuant la prévention, qui commence dans les écoles déjà. Nous ne restons pas les bras croisés face à la violence.

(Lise Bailat, Le Matin)

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