«On veut la mort des lignes régionales»

«La main gauche ignore ce que fait la droite. D’un côté, le parlement vote d’importants crédits pour les grandes lignes. De l’autre, on veut la mort des chemins de fer régionaux.»

Directeur du BAM-MBC (Bière-Apples-Morges et Morges-Bière-Cossonay), Michel Pernet exprime son «incompréhension» quant aux intentions de l’Office fédéral des transports (OFT) de remplacer une ligne régionale sur deux par des bus. En chiffres, 175 liaisons en Suisse romande, jugées non rentables, sont concernées par ces menaces, dont les petits trains vert et blanc, circulant entre Morges, Bière et L’Isle.
«Tout cela n’a pas de sens. Ces propositions annulent tout ce qui s’est fait jusqu’à présent pour promouvoir les transports publics», commente Michel Pernet.
«Une telle politique, si elle se fait, est une catastrophe. Si le secteur ferroviaire voyageurs est perdu, le trafic marchandises ne suffira pas à assurer les charges d’infrastructures.» Michel Pernet rappelle, en outre, que «de gros investissements ont été consentis ces dernières années pour rénover une ligne aujourd’hui en très bon état. La démanteler serait un non-sens économique».
Sur le fond, Michel Pernet est catégorique. «La mesure envisagée est inapplicable en termes de capacité. Si, en journée, les trains ne sont pas toujours pleins, il faudrait au moins deux ou trois bus articulés pour répondre à la demande aux heures de pointe, avec des répercussions à craindre au niveau de la desserte, en particulier des cadences», pour rappel trois trains par heure actuellement contre deux ordinairement.
De son côté, Richard Zaugg, directeur du Nyon-Saint-Cergue-Morez, n’est pas vraiment surpris de figurer dans cette liste. Sa société à un taux de couverture de 40%. Et ce n’est pas la première fois que le train rouge est menacé: déjà en 1963, la Confédération avait voulu stopper son exploitation au profit de bus et avait dû renoncer face à la mobilisation de la population…
Le directeur ne comprendrait pas que sa ligne soit supprimée dans la mesure où le rythme annuel d’augmentation des voyageurs oscille entre 4 et 5% et que le taux de couverture de l’exploitation s’améliore également. «Si aujourd’hui vous remplaciez le train par des bus, cela voudrait dire qu’aux heures de pointe, lorsque nous transportons environ 300 personnes, il faudrait 4 ou 5 bus!», calcule-t-il.
Pour Richard Zaugg, avec ce projet d’ordonnance, l’OFT veut se doter d’une base légale pour discuter du bien-fondé de certains investissements. La compagnie de chemin de fer ambitionne justement d’investir 28 millions de francs dans l’achat de nouvelles rames plus modernes. Pour mener à bien ce projet, la Confédération pourrait intervenir à hauteur de 50%. «Le processus de négociation est avancé, note le directeur. La politique de développement des transports ferroviaires trouve un franc succès auprès de la population. Revenir en arrière serait un non-sens par rapport au développement régional.» La Côte

Le Courrier, Martine Rochat et Marie-Christine Fert

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