Initiative « En faveur du service public »

Des journaux d’information des consommateurs, Bon à Savoir, K-Tipp, Saldo et Spendere Meglio, ont lancé l’initiative «En faveur du service public». Son but est que les entreprises comme La Poste, les CFF ou encore Swisscom assurent un vrai service public.

L’initiative demande l’inscription dans la Constitution fédérale d’un article interdisant au service public de viser un but lucratif. Actuellement par exemple, La Poste verse quelque 200 millions par an à la caisse fédérale et, en même temps, elle supprime des emplois et ferme des offices postaux ! Tout gain d’un service public doit être réinvesti dans l’entreprise, pour maintenir la qualité du service et un accès égal pour toutes et tous.

 L’initiative demande également que les salaires versés aux responsables des services publics soient alignés sur ceux de la Confédération. Il est inadmissible que Carsten Schloter, directeur général de Swisscom, ait touché près de 1′900′000 francs en 2010, presque 4 fois plus qu’un conseiller fédéral. Par ailleurs, la transparence des coûts et des recettes est nécessaire. Les services publics appartiennent à tous les habitants de ce pays et nous avons le droit de savoir ce qui est fait avec nos ressources.

 Mais on peut se demander si cette revendication a encore un sens, sachant que La Poste va devenir une SA et que la privatisation des CFF et de l’électricité a déjà commencé… cela va dans le sens des recettes de lOMC et du FMI, qui œuvrent au démantèlement et à la privatisation totale du service public, afin d’en faire une source de profits pour quelques puissants groupes financiers. Les services publics, moyens de redistribution de la richesse nationale, concrétisent une solidarité entre régions et permettent de rétablir une certaine égalité, garantie de la cohésion sociale.

 Bien que favorable au principe revendiqué par l’initiative, ACIDUS qui défend les usagers du service public (et non les consommateurs), se pose des questions sur sa formulation. Avec Syndicom, nous nous demandons s’il nexiste pas des mesures plus efficaces pour défendre à la fois les intérêts des usagers des services publics et ceux des employé-e-s qui en garantissent le bon fonctionnement. Le syndicat sinterroge sur les conséquences quentraînerait lapplication stricte de cette initiative. Quelles pertes financières pour la Confédération ? Quelles répercussions sur la qualité du service public ? Son acceptation ne risquerait-elle pas de provoquer une pression sur les salaires et les conditions de travail du personnel ? Enfin et surtout, cette initiative pourrait servir de prétexte à la privatisation des entités les plus rentables de nos anciennes régies fédérales, laissant lÉtatet donc les contribuables ! - financer seuls celles qui remplissent des mandats de service public ? Autant de questions que l’on peut se poser.

 Un autre point faible de cette initiative est quelle ne définit pasles prestations de basequ’elle mentionne. Ce manque de clarté laisse la porte ouverte à des interprétations restrictives de ces prestations de base lorsqu’il s’agira de concrétiser l’initiative. Nous devrons veiller à ce qu’il n’en soit pas ainsi.

Le Comité d’Acidus, Association citoyenne pour la défense des usagers du service public

 Vous pouvez aussi lire l’article de Céline Misiego dans le Résistance n° 84 de mai 2012 que vous trouverez ici

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