L’homme qui critique l’eau en bouteille

Cinéma
L’homme qui critique l’eau en bouteille débarque à Vevey
Le réalisateur de Bottled Life a présenté et défendu son documentaire ce vendredi 26 janvier 2012 au Cinéma Rex

Sorti mercredi dans les salles, Bottled Life – la vie en bouteille ou la vie embouteillée – défraie la chronique. Dans son documentaire, réalisé avec le journaliste suisse Res Gehriger, le Bernois Urs Schnell met rudement en cause le commerce de l’eau pratiqué par Nestlé. Le réalisateur accuse la multinationale de transformer l’eau en or. En usant de procédés immoraux. Interview.

Après Soleure, Vevey, fief de Nestlé, est la deuxième ville où vous présentez votre film. Dans quel état d’esprit?
Je m’en réjouis. J’espère qu’il y aura un vrai débat, avec des représentants de Nestlé. Car le groupe reproche à mon film d’être orienté. Après l’avoir présenté lors des Journées cinématographiques de Soleure, Vevey est la première ville où je serai présent pour le «défendre». A la demande de Cinérive.

Qu’est-ce qui vous a incité à réaliser Bottled Life?
Je m’intéresse à la problématique de l’eau depuis quelque temps. Et, lors de recherches, j’ai découvert que des associations américaines se battaient contre Nestlé. Une surprise. Dont on n’avait jamais parlé en Europe. Ni en Suisse, où Nestlé constitue une fierté nationale. J’ai aussi appris que l’eau en bouteilles représentait le dixième du chiffre d’affaires de Nestlé, soit près de 10 milliards de francs. Et que la marque Pure Life était vendue depuis quinze ans dans une trentaine de pays où l’eau est un bien rare.

Votre film fait apparaître Nestlé comme une entreprise avide de profit, asséchant la planète. Vos arguments?
Nestlé est une société commerciale. Son but est donc de faire du profit. C’est un fait. Qui pose une question: jusqu’où peut-on faire du profit avec une ressource vitale? Avec l’eau en bouteilles, cette société crée des effets de mode et des dépendances, contribuant ainsi au démantèlement des systèmes d’approvisionnement en eau, justement dans les régions où ceux-ci s’écroulent. Dans de nombreux pays, les dispositions légales sur l’eau sont vétustes. Nestlé en profite dans le tiers-monde mais aussi dans des Etats américains, dont 22 sont en déficit hydrique. Notamment en acquérant des droits sur les sources et les nappes phréatiques. En achetant les terres pour obtenir de l’eau, Nestlé supplante ses concurrents. Et utilise de l’eau pour fabriquer de l’eau.

Vous critiquez «le double discours» de Nestlé. De quoi parlez-vous?
Le discours de la multinationale au sujet de la responsabilité sociale et du respect de l’environnement ne correspond pas à la réalité à laquelle nous avons été confrontés durant notre enquête. Il contraste avec les méthodes de marketing remarquables, grâce auxquelles Nestlé pénètre sur les multiples marchés de l’eau. Par exemple, en recommandant d’en boire beaucoup.

On vous reproche d’avoir été partial dans votre film. Que répondez-vous?
Nestlé n’a pas jugé utile de participer à Bottled Life. En guise de «contrepoids», nous avons inséré des prises de position en faveur de Nestlé. Celles de Peter Brabeck, entre autres.

Quel devrait être le prix de l’eau à votre sens?
Suffisant pour assumer les coûts d’approvisionnement. Et gratuit dans le tiers-monde, où il n’y a pas de sous pour la payer.

A qui appartient l’eau?
Certainement pas à une entreprise privée. C’est une ressource publique. Et y avoir accès est un droit de l’homme.

La projection de Bottled Life a eu lieu le 26 janvier au cInéma Rex à Vevey. Urs Schnell était là pour le présenter. Et une séance de questions a été prévue à la fin du film.

24 heures, par Claude Béda. Mis à jour le 26.01.2012

Présentation du film sur YouTube

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